«Les gens qui lisent sont moins cons que les autres», ce dont cet esprit brillant faisait volontiers démonstration mais toujours généreusement, donnant à toute la francophonie nuitamment affalée devant l’autel cathodique le goût de faire comme lui: lire, lire, lire.

L’homme qui en ses abracadabrantes dictées nous faisait tirer la langue, contant les marins «sustentés avec des harengs pacqués, des clovisses charnues, avec du phytoplancton, voire des rhodophycées», est parvenu au point final. Bernard Pivot est décédé ce lundi à 89 ans et c’est une page de l’histoire littéraire qui se tourne – elle dont il fut, un demi-siècle durant, l’animateur comme le metteur en scène.

Entré au Figaro littéraire en 1958, ce bouffeur de dictionnaires avait pris le poste au début des années 1970, en produisant et présentant l’émission Ouvrez les guillemets sur la première chaîne de l’ORTF. Le costard déjà était impeccable comme les questions, tandis que dans le public on fumai