Roman: Odile Cornuz, clin deuil
Thierry Raboud
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Des phrases d’abord très courtes, comme autant de clous dans le cercueil ouvert du père qui repose là, peau froide dans la nuit blanche. Le fils veille, se confie enfin, se révèle à l’absent comme à lui-même. «C’est pour moi, papa, que je te parle.» Dispositif saisissant qui ouvre et structure le nouveau roman d’Odile Cornuz, bientôt plus ample à mesure que la confession s’adosse au mort pour se déployer, rejouer la «dispute amoureuse avec le monde» de ce narrateur revenu de folles errances.
La Neuchâteloise écrit régulièrement pour le théâtre et son monologue romanesque s’en ressent, juxtaposant des saynètes au potentiel scénique évident. Mais passant bientôt du deuil au clin d’œil, du grave mystère et de la quête identitaire à la cocasserie surréaliste, jusqu’à dérouler enfin des «histoires de chats crevés et de fils emmêlés, d’opéra et de poste en Indonésie et de vibromasseur mal adressé», elle déroute par ce mélange des genres qui serait plaisant s’il n’émoussait pareillem