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Les migrants honduriens se heurtent à la police guatémaltèque

Des milliers de personnes ont quitté le Honduras à pied jeudi afin de rejoindre les Etats-Unis. © KEYSTONE/EPA/JOSE VALLE
Des milliers de personnes ont quitté le Honduras à pied jeudi afin de rejoindre les Etats-Unis. © KEYSTONE/EPA/JOSE VALLE
Des milliers de personnes ont quitté le Honduras à pied jeudi afin de rejoindre les Etats-Unis. © KEYSTONE/EPA/JOSE VALLE
Des milliers de personnes ont quitté le Honduras à pied jeudi afin de rejoindre les Etats-Unis. © KEYSTONE/EPA/JOSE VALLE


Publié le 17.01.2021


Plusieurs milliers de migrants honduriens sont entrés samedi au Guatemala en forçant la frontière, avec l'espoir d'atteindre les Etats-Unis. Ils se sont heurtés à un barrage policier et à la volonté des autorités guatémaltèques de les faire rentrer chez eux.

La caravane, composée d'au moins 9000 Honduriens répartis en plusieurs contingents selon les autorités du Guatemala, a progressé d'environ 50 kilomètres à l'intérieur de ce pays. Le groupe de tête, d'environ 3500 personnes, s'est heurté à des dizaines de policiers et de soldats déployés à un poste de contrôle dans la ville de Vado Hondo, dans le département de Chiquimula.

Certains ont forcé le passage du cordon policier, avant d'être interceptés, selon le service local des Migrations qui leur a de nouveau réclamé papiers et test Covid.

Le directeur général des Migrations, Guillermo Diaz, leur a demandé de retourner dans leur pays et a mis à disposition des camions et des bus pour les emmener à la frontière. Il a assuré sur la télévision TN23 que le dispositif policier serait dorénavant "renforcé". Un nouveau passage en force, comme à la frontière, ne se "reproduira pas", a-t-il affirmé, "ils ne vont pas pouvoir passer".

Papiers et tests PCR

Ils étaient entrés dans le pays entre vendredi soir et samedi matin, au poste-frontière d'El Florido, à 220 kilomètres à l'est de la capitale Guatemala.

Bien que la police était habilitée à utiliser la force pour contenir le flux de migrants, la décision d'ouvrir la frontière a été prise après avoir constaté qu'il y avait de nombreuses familles avec enfants, a déclaré un chef de police à l'AFP.

La caravane humaine était partie vendredi à l'aube de la ville de San Pedro Sula, à 180 km au nord de Tegucigalpa, dans l'espoir d'entrer aux Etats-Unis et d'y trouver une vie meilleure.

Les autorités guatémaltèques avaient annoncé l'obligation pour tout migrant de présenter des documents en règles et un test PCR négatif. Même si beaucoup ne remplissaient pas ces conditions, ils ont réussi à entrer sans violences.

"Certains groupes ont enfreint la réglementation en vigueur et sont parvenus à passer sur notre territoire, violant ainsi les dispositions légales", a réagi samedi le gouvernement du Guatemala.

Il a également demandé au Honduras de "contenir le départ massif de ses habitants, par des actions préventives de manière permanente", une demande déjà formulée en octobre lorsqu'une caravane d'environ 4000 migrants avait été dissoute au Guatemala.

Les migrants ont poursuivi leur route samedi à l'intérieur du territoire guatémaltèque. Certains étaient déjà à Jocotan, dans le département de Chiquimula (sud-est), à 55 km de la frontière avec le Honduras, à constaté l'AFP.

"Le coeur brisé"

Après les 450 km à parcourir à l'intérieur du Guatemala, ils devraient tenter d'entrer au Mexique par le poste frontière de Tecun Uman (sud-ouest), selon les détails fournis par les autorités migratoires.

"J'ai décidé d'aller aux Etats-Unis car dans mon pays, il n'y a rien, pas de travail", a raconté Carlos Flores, un Hondurien de 20 ans.

La situation économique de nombreux habitants du petit pays d'Amérique centrale (9 millions d'habitants), soumis à la violence des gangs et des narcotrafiquants, s'est encore détériorée avec le passage de deux puissants ouragans en novembre et les conséquences de la pandémie.

"Nous n'avons ni travail ni nourriture, alors j'ai décidé de me rendre aux Etats-Unis", a expliqué Dania Hinestrosa, 23 ans, en route avec sa fille. La jeune femme qui travaillait comme employée de maison a laissé derrière elle une autre enfant de trois ans et des jumeaux de quatre ans.

"Nous partons le coeur brisé. Moi, je laisse ma famille, mon mari et mes trois enfants", se lamente Jessenia Ramirez, 36 ans, en espérant que le président Joe Biden, qui sera investi mercredi, lui laisse "une chance" aux Etats-Unis.

Etat d'urgence

Les migrants marchent en colonne le long des routes, sac au dos, et la plupart le visage masqué pour se protéger du Covid-19. Certains se hissent sur des camions pour avancer plus rapidement.

Beaucoup veulent croire que Joe Biden assouplira la politique migratoire des Etats-Unis, même si Washington les a déjà mis en garde.

"Ne perdez pas votre temps et votre argent et ne risquez ni votre sécurité ni votre santé", a déclaré jeudi le commissaire par intérim du Service des douanes et de la protection des frontières des Etats-Unis, Mark A. Morgan.

Le président sortant Donald Trump a décrété vendredi l'état d'urgence sur la frontière avec le Mexique, une mesure prise pour la première fois en février 2019.

"De nouvelles mesures doivent être prises afin de faire face à la situation humanitaire et de pouvoir contrôler l'immigration, ainsi que le flux de drogues et de délinquants", a déclaré la Maison Blanche.

Le gouvernement mexicain a lui averti qu'il "ne permettrait pas l'entrée illégale (sur son territoire) de caravanes de migrants". Quelque 500 policiers ont été envoyés à la frontière avec le Guatemala.

Plus d'une douzaine de caravanes de migrants ont quitté le Honduras depuis octobre 2018, mais toutes se sont heurtées aux milliers de gardes-frontières et militaires américains positionnés à la frontière sud avec le Mexique.

ats, afp

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