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Epuisés mais heureux:les rescapés de la jungle se reposent à Bogota

Les enfants erraient seuls dans la jungle depuis le crash de l'avion dans lequel ils se trouvaient avec leur mère, le pilote et un proche, tous trois décédés. © KEYSTONE/AP
Les enfants erraient seuls dans la jungle depuis le crash de l'avion dans lequel ils se trouvaient avec leur mère, le pilote et un proche, tous trois décédés. © KEYSTONE/AP
Les militaires colombiens posent avec les quatre petits miraculés. © KEYSTONE/AP
Les militaires colombiens posent avec les quatre petits miraculés. © KEYSTONE/AP
Les enfants erraient seuls dans la jungle depuis le crash de l'avion dans lequel ils se trouvaient avec leur mère, le pilote et un proche, tous trois décédés. © KEYSTONE/AP
Les enfants erraient seuls dans la jungle depuis le crash de l'avion dans lequel ils se trouvaient avec leur mère, le pilote et un proche, tous trois décédés. © KEYSTONE/AP
Les militaires colombiens posent avec les quatre petits miraculés. © KEYSTONE/AP
Les militaires colombiens posent avec les quatre petits miraculés. © KEYSTONE/AP
Soldats et indigènes portent secours aux enfants retrouvés après 40 jours dans la jungle. © KEYSTONE/EPA/MILITARY FORCES OF COLOMBIA / HANDOUT
Soldats et indigènes portent secours aux enfants retrouvés après 40 jours dans la jungle. © KEYSTONE/EPA/MILITARY FORCES OF COLOMBIA / HANDOUT
Le père des enfants rescapés assiste à leur arrivée à l'aéroport militaire de Bogota © KEYSTONE/EPA/Mauricio Duenas Castaneda
Le père des enfants rescapés assiste à leur arrivée à l'aéroport militaire de Bogota © KEYSTONE/EPA/Mauricio Duenas Castaneda
Soldats et indigènes portent secours aux enfants retrouvés après 40 jours dans la jungle. © KEYSTONE/EPA/MILITARY FORCES OF COLOMBIA / HANDOUT
Soldats et indigènes portent secours aux enfants retrouvés après 40 jours dans la jungle. © KEYSTONE/EPA/MILITARY FORCES OF COLOMBIA / HANDOUT
Le père des enfants rescapés assiste à leur arrivée à l'aéroport militaire de Bogota © KEYSTONE/EPA/Mauricio Duenas Castaneda
Le père des enfants rescapés assiste à leur arrivée à l'aéroport militaire de Bogota © KEYSTONE/EPA/Mauricio Duenas Castaneda


Publié le 11.06.2023


Epuisés mais "heureux": les quatre enfants indigènes, sauvés après avoir erré 40 jours dans la jungle colombienne, se reposent depuis samedi dans un hôpital militaire de Bogota. Ils ont pu voir leur famille, alors que le pays continue de se réjouir de ce "miracle".

"Mes petits-enfants ont de la vie (en eux). Même s'ils sont très épuisés, je sais qu'ils sont entre de bonnes mains", a commenté leur grand-père Fidencio Valencia, un Indien Huitoto de 47 ans. "Ils sont heureux de voir la famille (...) ils ont tous leurs sens", s'est-il réjoui devant l'hôpital militaire et une foule de journalistes.

Les enfants "sont un peu inquiets de voir tant de monde autour d'eux, mais ils récupèrent, ils parlent un peu (...), c'est une grande joie de les voir comme ça", a commenté le ministre de la Défense Ivan Velasquez, à l'issue d'une visite à leur chevet en compagnie du président Gustavo Petro et de sa famille.

Déshydratés mais en bon état

Lesly (13 ans), Soleiny (9), Tien Noriel (5) et Cristin (1) ont été retrouvés vivants vendredi après-midi par les sauveteurs, alors qu'ils erraient seuls dans la jungle depuis le crash le 1er mai du petit avion Cessna 206 à bord duquel ils voyageaient avec leur mère, le pilote et un proche. Les trois adultes sont décédés dans l'accident.

"Ils étaient déshydratés (...). Mais en général leur état est acceptable. Ils sont hors de danger", s'est félicité M. Velasquez. Deux des enfants ont fêté leur anniversaire dans la jungle, a-t-il souligné: la benjamine Cristin a eu un an, et Tien Noriel cinq ans.

Hommage à l'aînée

M. Velasquez a rendu un hommage appuyé à l'aînée Lesly: "c'est grâce à elle, sa valeur et son autorité, que les trois autres ont pu survivre, avec ses soins, sa connaissance de la jungle".

A part "quelques lésions cutanées et piqûres", les enfants ne présentent "pas de pathologie ou une quelconque situation de santé dégradée", a précisé un médecin militaire. "Ils sont dans une condition stable, des examens sont en cours" et un protocole de renutrition leur est administré, avec un soutien psychologique.

Leur hospitalisation devrait durer entre deux et trois semaines, en fonction de la durée de leur prise en charge nutritionnelle.

Accompagnés un temps par Wilson

Les quatre "parlent peu, mais ils sont joyeux (...), ce sont des enfants (...), ils commencent à vouloir jouer, Cristin en particulier", a commenté devant les journalistes Astrid Caceres, directrice de l'Institut du Bien-être familial (ICBF).

"Cette petite est merveilleuse, calme avec les infirmières", s'est amusée Mme Caceres, qui a aussi lancé: "toute notre reconnaissance à l'ainée Lesly, c'est une jeune fille très forte!".

A la demande de son père, la petite aux grands yeux noirs aura bientôt pour parrain celui qui a dirigé les opérations de recherche, le charismatique général Pedro Sanchez. "Pour moi, c'est un honneur", a commenté l'officier, visiblement ému, en se posant la main sur le coeur.

Dans son périple, la fratrie a été un moment accompagnée par un chien. On ignore à ce stade s'il s'agit de Wilson, chien berger de détection de l'armée, égaré dans la jungle, et qui est toujours recherché par les militaires, au nom d'un "principe: on ne laisse personne derrière".

"De la farine, puis des graines"

"Enfants de la brousse", ils "ont survécu au début en mangeant un peu de farine (qu'il y avait à bord de l'avion accidenté), puis des graines", selon leur grand-père.

La presse colombienne a commencé à donner des détails de leur calvaire. Les enfants ont pu se servir dans leur périple d'une moustiquaire, d'une serviette, d'un minimum de matériel de camping, de deux téléphones portables (aux batteries rapidement déchargées), d'une lampe de poche et d'une petite boîte à musique.

Leur mère avait survécu quatre jours à l'accident d'avion avant de succomber à ses blessures. "Ma fille m'a dit que sa mère était restée en vie pendant quatre jours", a déclaré à la presse Manuel Miller Ranoque Morales, devant l'hôpital militaire de Bogota où sont pris en charge les enfants.

"Avant de mourir, la mère leur a dit : 'Allez-y, partez' rejoindre votre père", a expliqué M. Ranoque.

Hélitreuillés de la jungle et transportés vers la ville de San Jose del Guaviare, ils ont été acheminés dans la nuit par avion médicalisé à Bogota, pour y être hospitalisés au sein d'un établissement de santé des armées.

"Nous avons réussi l'impossible", s'est félicité le commandant en chef des forces armées colombiennes, le général Helder Fernan Giraldo, tandis que le pays entier se réjouissait de ce quadruple "miracle".

Lien spécial avec la nature

Le président Gustavo Petro avait annoncé la nouvelle vendredi soir au pays en évoquant "un jour magique" et de "joie", louant "un exemple de survie totale qui restera dans l'histoire".

Pour l'Organisation nationale des peuples Amérindiens de Colombie (Opiac), c'est aussi leur condition d'indigène, et ce lien très spécial avec la nature, qui a joué en faveur de leur survie dans la brousse. selon elle, "la survie des enfants est la démonstration de la connaissance et de la relation qu'entretiennent les indigènes avec la nature, un lien enseigné dès le ventre de la mère".

Coopération armée-indigènes

Plus de 100 soldats accompagnés de chiens de détection et des dizaines d'indigènes cherchaient les enfants depuis la découverte de l'avion, le nez planté au sol au milieu d'une épaisse végétation.

Une nouvelle fois samedi, tous les officiels ont loué la coopération sur le terrain des commandos et des volontaires indigènes, dans un pays où des décennies de conflit interne et violences ont plutôt laissé une certaine défiance entre ces deux acteurs.

"Sans les indigènes, leur expérience et leur savoir de la jungle, ce résultat inespéré n'aurait pas pu être atteint, tous les militaires le reconnaissent", a souligné le ministre Velasquez: "ils ont été les guides de nos commandos dans la jungle".

Selon l'armée, les secouristes ont parcouru, en plus d'un mois, près de 2656 km dans cette jungle impénétrable. En "travaillant avec la troupe", les volontaires indigènes ont "augmenté la capacité de réponse de l'Etat", a analysé la responsable de l'ICBF.

Cette "rencontre des savoirs indigènes et militaires" en faveur "du bien commun", conjugué au "respect de la forêt", montre "une voie différente vers une nouvelle Colombie", une "véritable voie vers la paix au nom de la vie", a tweeté M. Petro.

Le père a expliqué avoir participé aux recherches pendant presque 40 jours dans la jungle, sans "aucun soutien matériel". Il y est tombé malade. "Nous demandons au président (Gustavo Petro) de dédommager tous ceux qui ont participé aux recherches", a-t-il plaidé.

M. Ranoque est par ailleurs revenu sur les menaces à l'origine du départ en avion de la famille depuis le Guaviare. "Je suis menacé par le Front Carolina Ramirez" de la dissidence des FARC, a-t-il dit sans préciser les raisons de ces menaces.

ats, afp

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