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L'assaillant de Rushdie plaide non coupable de tentative de meurtre

Le suspect est poursuivi pour "tentative de meurtre et agression". © KEYSTONE/AP/Gene J. Puskar
Le suspect est poursuivi pour "tentative de meurtre et agression". © KEYSTONE/AP/Gene J. Puskar
Le suspect est poursuivi pour "tentative de meurtre et agression". © KEYSTONE/AP/Gene J. Puskar
Le suspect est poursuivi pour "tentative de meurtre et agression". © KEYSTONE/AP/Gene J. Puskar


Publié le 14.08.2022


L'assaillant de Salman Rushdie, un jeune Américain d'origine libanaise, a été présenté samedi soir à un juge devant lequel il a plaidé "non coupable" de "tentative de meurtre". L'écrivain restait, lui, hospitalisé dans un état grave, mais il a pu dire quelques mots.

Lors d'une audience de procédure au tribunal de Chautauqua, Hadi Matar, 24 ans, poursuivi pour "tentative de meurtre et agression", a comparu en tenue rayée noire et blanche de détenu, menotté et masqué, et n'a pas dit un mot, d'après le New York Times et des photos de la presse locale.

Le suspect, qui vit dans le New Jersey, a plaidé "non coupable" par la voix de son avocat. Il comparaîtra une nouvelle fois vendredi prochain.

Rushdie a recommencé à parler

Les procureurs ont estimé que l'attaque de vendredi dans un centre culturel de Chautauqua, où M. Rushdie allait donner une conférence, était préméditée. L'intellectuel de 75 ans, menacé de mort depuis une "fatwa" de l'Iran de 1989, un an après la publication des "Versets sataniques", a été poignardé au moins à dix reprises au cou et à l'abdomen.

Samedi, les autorités et les proches de Salman Rushdie ont gardé le silence sur l'état de santé du Britannique naturalisé Américain. Il a été hospitalisé vendredi sous assistance respiratoire à Erié, en Pennsylvanie, au bord du lac qui sépare les Etats-Unis du Canada.

Toutefois, son agent Andrew Wylie, alarmiste vendredi soir dans le New York Times, a simplement confié au journal que son client avait recommencé à parler samedi soir, sans dire s'il restait ou pas sous assistance respiratoire.

Vie normale à New York

Vivant à New York depuis vingt ans, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l'irrévérence.

Coïncidence, le magazine allemand Stern l'a interviewé il y a quelques jours, avant l'attaque: "Depuis que je vis aux Etats Unis, je n'ai plus de problème (...) Ma vie est de nouveau normale", assure l'écrivain, dans cet entretien à paraître in extenso mercredi, en se disant "optimiste" malgré "les menaces de mort quotidiennes".

La "fatwa" de l'Iran n'a de fait jamais été levée et beaucoup de ses traducteurs ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, poignardé à mort en 1991. Les "Versets sataniques" sont jugés par les musulmans les plus rigoristes comme blasphématoires à l'égard du Coran et du prophète Mahomet.

Onde de choc

L'attentat provoque une onde de choc, surtout dans les pays occidentaux: le président américain Joe Biden a condamné "une attaque brutale" et rendu hommage à M. Rushdie pour son "refus d'être intimidé et réduit au silence".

Le philosophe français Bernard-Henri Lévy a lui demandé que le Nobel de littérature soit remis à "cet écrivain puni pour avoir écrit, depuis trente ans, des textes libres et qui rendent libre". Selon lui, "cet acte de terreur absolue qui, par-delà son corps poignardé et ses livres, est une terreur sur tous les livres et tous les mots du monde, appelle une riposte éclatante".

Le chef du gouvernement israélien Yair Lapid a quant à lui assuré que cet attentat est "le résultat de décennies d'incitation au meurtre par le régime extrémiste iranien".

L'attaque saluée en Iran et au Pakistan

L'attaque a en revanche été saluée par des extrémistes en Iran et au Pakistan. Le quotidien ultraconservateur iranien Kayhan a félicité l'assaillant: "Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie", écrit le journal. "Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l'ennemi de Dieu avec un couteau".

Et au marché aux livres de Téhéran, Mehrab Bigdeli, un religieux chiite, s'est dit "très heureux d'apprendre la nouvelle. Quel que soit l'auteur, je lui baise la main (...) Que Dieu maudisse Salman Rushdie".

Au Pakistan voisin, le parti Tehreek-e-Labbaik Pakistan - réputé pour sa violence contre ce qu'il considère comme du blasphème antimusulman - a jugé aussi que Rushdie "méritait d'être tué".

ats, afp

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