La Liberté

L'écrivain Salman Rushdie poignardé lors d'une conférence

Suite à son ouvrage controversé "Les versets sataniques", Salman Rushdie avait été la cible d'une fatwa de l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny en 1989 (archives). © KEYSTONE/AP/Rogelio V. Solis
Suite à son ouvrage controversé "Les versets sataniques", Salman Rushdie avait été la cible d'une fatwa de l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny en 1989 (archives). © KEYSTONE/AP/Rogelio V. Solis
L'agresseur a été arrêté après l'attaque contre Salman Rushdie. © KEYSTONE/AP
L'agresseur a été arrêté après l'attaque contre Salman Rushdie. © KEYSTONE/AP
Suite à son ouvrage controversé "Les versets sataniques", Salman Rushdie avait été la cible d'une fatwa de l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny en 1989 (archives). © KEYSTONE/AP/Rogelio V. Solis
Suite à son ouvrage controversé "Les versets sataniques", Salman Rushdie avait été la cible d'une fatwa de l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny en 1989 (archives). © KEYSTONE/AP/Rogelio V. Solis


Publié le 12.08.2022


L'écrivain Salman Rushdie, cible depuis plus de 30 ans d'une fatwa de l'Iran pour "Les Versets sataniques", a été poignardé au cou vendredi par un homme lors d'une conférence littéraire dans l'Etat de New York. Son état de santé n'est pour l'instant pas connu.

Mais la gouverneure de New York Kathy Hochul a cependant assuré que l'auteur britannique de 75 ans était "vivant". Immédiatement après l'agression sur l'estrade d'un amphithéâtre d'un centre culturel, il a été transporté en hélicoptère vers l'hôpital le plus proche où il a été opéré en urgence, a indiqué sur Twitter son agent.

Vers 11h00 (17h00 en Suisse), "un suspect s'est précipité sur la scène et a attaqué Rushdie et un intervieweur", a annoncé la NYSP, la police de l'Etat de New York, dans un communiqué. L'agresseur a été immédiatement arrêté et placé en détention.

M. Rushdie s'apprêtait à donner une conférence littéraire dans l'amphithéâtre du centre culturel Chautauqua Institution. La personne qui devait donner la parole à l'écrivain a également été "blessée légèrement à la tête", selon la police.

Poignardé à plusieurs reprises

Carl LeVan, professeur de sciences politiques, était dans la salle, et a raconté au téléphone à l'AFP, qu'un homme s'est précipité sur la scène où M. Rushdie était assis et "l'a poignardé violemment à plusieurs reprises". L'agresseur "essayait de tuer Salman Rushdie", a affirmé ce témoin.

Né le 19 juin 1947 à Bombay, deux mois avant l'indépendance de l'Inde, Salman Rushdie a été élevé par une famille d'intellectuels musulmans non pratiquants, riche, progressiste et cultivée. Il avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication des "Versets sataniques", conduisant l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny à émettre en 1989 une "fatwa" demandant son assassinat.

L'auteur avait été contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cache en cache. Il doit affronter une immense solitude, accrue par la rupture avec sa femme, la romancière américaine Marianne Wiggins, à qui "Les versets..." sont dédiés.

Vivant discrètement à New York, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l'irrévérence. Mais la "fatwa" n'a jamais été levée et beaucoup de traducteurs de son livre ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, victime de plusieurs coups de poignard en 1991.

Johnson "atterré"

"Trente ans ont passé", disait-il toutefois à l'automne 2018. "Maintenant tout va bien. J'avais 41 ans à l'époque [de la fatwa, ndlr]. J'en ai 71 maintenant. Nous vivons dans un monde où les sujets de préoccupation changent très vite. Il y a désormais beaucoup d'autres raisons d'avoir peur, d'autres gens à tuer...".

Anobli en 2007 par la reine d'Angleterre, au grand dam des extrémistes musulmans, ce maître du réalisme magique, homme d'une immense culture qui se dit apolitique, a écrit en anglais une quinzaine de romans, récits pour la jeunesse, nouvelles et essais.

Le premier ministre britannique Boris Johnson a condamné l'attaque. Je suis "atterré que Sir Salman Rushdie ait été poignardé alors qu'il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre", a-t-il écrit sur Twitter en allusion à la liberté d'expression.

L'association de défense des écrivains dans le monde, PEN América, s'est dit aussi "sous le choc et horrifiée" en révélant que vendredi matin M. Rushdie leur avait écrit pour proposer son "aide à des écrivains ukrainiens".

De son côté, la gouverneure Hochul a salué "quelqu'un qui a passé des décennies à dire la vérité aux puissants [...] qui s'est exposé sans crainte en dépit des menaces qui l'ont poursuivi toute sa vie d'adulte".

ats, afp

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