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La police accusée de mansuétude avec les Trumpistes

Plusieurs personnes, dont le président élu Joe Biden, ont pointé du doigt la mansuétude des forces de l'ordre face aux partisans de Donald Trump, contrastant avec la sévérité réservée aux manifestants anti-racistes. © KEYSTONE/AP/Susan Walsh
Plusieurs personnes, dont le président élu Joe Biden, ont pointé du doigt la mansuétude des forces de l'ordre face aux partisans de Donald Trump, contrastant avec la sévérité réservée aux manifestants anti-racistes. © KEYSTONE/AP/Susan Walsh


Publié le 08.01.2021


Comme de nombreux Américains, le président élu Joe Biden a dénoncé jeudi la mansuétude des forces de l'ordre face aux partisans de Donald Trump qui ont envahi le Capitole la veille. Il a souligné le contraste avec le traitement réservé aux manifestants anti-racistes.

"Personne ne peut me faire croire que s'il s'était agi hier d'une manifestation de Black Lives Matter", mouvement anti-raciste à l'origine de multiples rassemblements l'an dernier dans tous les Etats-Unis, "ils n'auraient pas été traités très, très différemment de la foule de voyous qui a pris d'assaut le Capitole", a lancé Joe Biden lors d'une allocution depuis son fief de Wilmington.

"Nous savons tous que c'est vrai et c'est inacceptable", a insisté le prochain président américain, qui s'installera à la Maison Blanche le 20 janvier et a bénéficié pour son élection d'une forte mobilisation des électeurs noirs.

"Deux poids, deux mesures"

Des milliers de partisans de Donald Trump, aiguillonnés par leur président venu s'adresser directement à eux, ont facilement débordé mercredi les services de sécurité du Capitole alors que les élus y tenaient session.

Certains sympathisants du président républicain ont forcé des barrières de sécurité et bousculé voire frappé des policiers qui tentaient de leur barrer le passage. Dans d'autres cas, des médias américains rapportent que les forces de l'ordre leur ont ouvert les portes.

Malgré ces troubles manifestes, les policiers chargés de la sécurité des lieux n'ont pas fait usage de gaz lacrymogènes jusqu'à ce que les intrus aient atteint le coeur du bâtiment, où ils ont fouillé et saccagé des bureaux sans rencontrer d'opposition.

Quant à la Garde nationale, régulièrement déployée à titre préventif l'an dernier, à Washington comme ailleurs, lors des manifestations demandant la fin des brutalités policières contre les minorités, elle n'avait pas été activée mercredi avant le chaos, qui n'a cessé qu'au bout de plusieurs heures.

Pour de nombreux Américains, militants anti-racistes en tête, c'est la preuve que la police et les autorités américaines font "deux poids, deux mesures".

"C'est énorme"

"Nous avons passé tout l'été à nous battre pour des gens comme George Floyd (...) et nous avons été reçus avec des balles en caoutchouc", du gaz lacrymogène et des matraques, a souligné sur CNN Patrisse Cullors, l'une des fondatrices de Black Lives Matter (BLM).

Mme Cullors s'est réjouie que Joe Biden ait reconnu jeudi cette inégalité de traitement. "C'est énorme parce qu'il ne s'adresse pas seulement au pays, il s'exprime sur la scène internationale", a-t-elle relevé.

Michelle Obama s'est elle aussi indignée jeudi du contraste frappant et de la clémence consentie aux sympathisants de Donald Trump. "Les manifestations de Black Lives Matter étaient majoritairement pacifiques... Et pourtant, ville après ville, jour après jour, nous avons vu des manifestants paisibles confrontés à la force brute", a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.

A l'opposé, ceux qui ont envahi le Capitole "ont profané le coeur du gouvernement américain. Et quand les autorités ont finalement repris le contrôle de la situation, ces émeutiers et membres de gangs ont été escortés hors du bâtiment non pas menottés, mais libres comme l'air", déplore l'ex-première dame des Etats-Unis.

"Tués pour moins que ça!"

"Pensez un peu au carnage s'ils n'avaient pas été blancs", avait de son côté réagi sur Twitter l'acteur Chris Evans, connu dans le monde entier pour avoir incarné le super-héros Captain America, tandis que le rappeur et acteur Ice-T écrivait: "Imaginez une seconde que BLM ait tenté ce genre de conn...".

"Ils nous ont tués pour moins que ça!", assurait l'organisation historique de défense des droits civiques NAACP (National Association for the Advancement of Colored People).

La star du rap Cardi B a quant à elle épinglé le président Trump, qui traitait les manifestants anti-racistes de tous les noms l'an dernier, les qualifiant d'"animaux" à jeter "en prison" ou de "voyous" sur lesquels lâcher les chiens.

Mercredi, M. Trump a tardé à prendre la parole pour appeler les émeutiers du Capitole à rentrer chez eux, faisant preuve d'une douceur peu coutumière. "Je comprends votre douleur. Je sais que vous êtes blessés", leur a-t-il dit, ajoutant "je vous aime".

"L'ironie est assez amusante... Est-ce que l'été dernier, les gens qui demandaient justice n'étaient pas juste des animaux sauvages ?", a interpellé sur Twitter Cardi B.

ats, afp

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