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Stations de ski ouvertes à Noël mais remontées mécaniques fermées

Le Premier ministre français Jean Castex a annoncé jeudi que les stations de ski pourront rouvrir à Noël mais que les remontées mécaniques resteront fermées (archives). © KEYSTONE/EPA/LUDOVIC MARIN / POOL
Le Premier ministre français Jean Castex a annoncé jeudi que les stations de ski pourront rouvrir à Noël mais que les remontées mécaniques resteront fermées (archives). © KEYSTONE/EPA/LUDOVIC MARIN / POOL


Publié le 26.11.2020


Les stations de ski pourront rouvrir durant la période des fêtes, mais les remontées mécaniques devront rester fermées, a annoncé jeudi le Premier ministre Jean Castex, promettant d'aider les communes et professionnels concernés. C'est "une aberration" pour ceux-ci.

"Bien entendu, il sera loisible à chacun (...) de se rendre dans ces stations pour profiter de l'air pur de nos belles montagnes, des commerces - hors bars et restaurants - qui seront ouverts. Simplement, toutes les remontées mécaniques et les équipements collectifs seront fermés au public", a déclaré le Premier ministre français lors d'une conférence de presse.

"Quelle que soit l'importance des efforts que sont prêts à consentir les gestionnaires et les responsables de stations, il ne serait en effet pas prudent de laisser se rassembler des flux très importants de population avec des activités susceptibles de solliciter par ailleurs les services hospitaliers", a justifié Jean Castex.

"Aucune raison crédible"

Cette décision était très redoutée par les professionnels du ski et les élus des régions concernées. Dans une tribune publiée jeudi, ils ont estimé qu'il n'y avait "aucune raison crédible à ne pas rouvrir" dès les vacances de Noël, qui représentent entre 20 et 25% de leurs recettes.

Selon eux, il y a "un enjeu économique et social majeur pour une filière qui représente plus de 11 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, 2 milliards d'euros d'exportations" et qui "fait vivre un tissu d'entreprises locales, qui emploie plus de 120'000 personnes dans des territoires dont l'économie locale repose souvent pour l'essentiel sur ce secteur".

Le Premier ministre français a évoqué jeudi des discussions en vue "d'indemniser les pertes de recettes occasionnées par cette décision" et de "préparer au mieux la période suivante, à partir de janvier", où une ouverture "plus large" pourrait être décidée si la situation sanitaire s'améliore. Il a aussi assuré vouloir régler la situation des travailleurs saisonniers, très présents dans les stations de ski en temps normal.

"Atterré"

Les Domaines skiables de France (DSF), opérateurs des remontées mécaniques des 250 stations de ski françaises, dénoncent une "aberration" après l'annonce de Jean Castex d'une ouverture des stations sans remontées. "C'est une aberration car c'est une activité de plein air! ", a réagi auprès de l'AFP Alexandre Maulin, président de DSF, qui se dit "atterré".

"La situation est unanime. Les demandes d'annulations s'il n'est pas possible de faire du ski sont gigantesques: 85 à 90% des gens qui viennent à la montagne font du ski", a rappelé M. Maulin. Il parle de "20 à 30% de l'activité remise en cause".

Il a assuré que les opérateurs allaient "continuer à venir au contact du gouvernement et à demander des explications". "Pourquoi prendre la décision maintenant si on peut attendre 10 jours? Pourquoi une annonce nationale au lieu de faire du local en affinant les capacités hospitalières publiques et privées?", s'est-il interrogé.

"On veut tuer les stations"

Du côté des maires de stations de montagne, le président de l'ANMSM Jean-Luc Boch a renchéri en parlant d'une décision "totalement incompréhensible". "Quand on est 400 dans un métro parisien, on ne se contamine pas mais à quatre sur une remontée mécanique on se contaminerait ?", a relevé M. Boch, lui-même maire de La Plagne (Savoie).

"Il faut nous dire clairement qu'on veut tuer les stations. Il faut nous le dire !", s'est emporté le président de l'ANMSM. Quant à l'argument de la situation des hôpitaux proches de la saturation à cause du Covid, "rappelons que 92 à 94% des accidentés du ski sont traités en cabinets de station. Et il y a aussi beaucoup de place dans les cliniques privées", insiste-t-il.

"On va arrêter de se faire massacrer en se taisant; on ne va rien lâcher! On n'a pas le droit d'être sacrifiés sur l'autel de la politique", a conclu M. Boch. Il a demandé un rendez-vous au Premier ministre la semaine prochaine" et réfléchit "à ce qu'on va intenter comme action".

"Position de sagesse"

Par ailleurs, le Premier ministre Jean Castex a indiqué que la France était active "sur le plan européen pour que ces règles puissent être le plus harmonisées possible". L'Allemagne souhaite demander à l'Union européenne d'interdire jusqu'au 10 janvier les séjours de ski, malgré l'opposition notamment des professionnels du secteur.

Le ministre français de l'Economie a d'ailleurs salué jeudi la "position de sagesse" de la chancelière allemande Angela Merkel. "Je crois que la position exprimée par Mme Merkel est une position de sagesse, c'est celle qu'a défendue le président de la République (Emmanuel macron) dès le premier jour", a déclaré Bruno Le Maire, interrogé par l'AFP en marge d'un déplacement à Rome.

Effets "désastreux"

De son côté, l'Autriche a mis en garde jeudi contre les effets "désastreux" sur son économie d'une interdiction du ski à l'échelle européenne jusqu'au 10 janvier. Le pays est l'un des plus dépendants du tourisme hivernal sur le continent.

"Ce serait absolument catastrophique non seulement pour nous, mais pour le pays tout entier", a déclaré à l'AFP le député conservateur Franz Hörl, directeur de l'Association des exploitants de remontées mécaniques. "Nous vivons du tourisme non pas à 100%, mais à 110%", souligne Andreas Steibl, responsable du tourisme de la station d'Ischgl, qui redoute le spectre d'une saison blanche.

Selon le ministre conservateur des Finances, le maintien à l'arrêt des infrastructures entraînerait une perte de deux milliards d'euros. "Si l'UE veut vraiment cela, alors elle devra payer", a estimé Gernot Blümel, laissant entendre que son pays réclamerait des indemnisations. Chaque hiver, les pentes enneigées de la province du Tyrol attirent à elles seules plus de six millions de touristes.

ats, afp

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