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Un Autrichien, nouveau chef des droits de l'homme de l'ONU

Volker Türk a passé l'essentiel de sa carrière dans le système onusien, en particulier au sein du haut commissariat pour les réfugiés (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Volker Türk a passé l'essentiel de sa carrière dans le système onusien, en particulier au sein du haut commissariat pour les réfugiés (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 09.09.2022


L'Autrichien Volker Türk, proche collaborateur du secrétaire général des Nations unies, a été nommé jeudi haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme. Il succède à la Chilienne Michelle Bachelet à ce poste sensible et exposé.

L'assemblée générale de l'ONU a approuvé jeudi après-midi par consensus et sous les applaudissements la nomination de l'adjoint chargé de la politique d'António Guterres à ce poste vacant depuis la fin du mandat de l'ancienne présidente chilienne le 31 août.

L'Autrichien, devenu en janvier 2022 secrétaire général adjoint chargé de la politique, a passé l'essentiel de sa carrière dans le système onusien, en particulier au sein du haut commissariat pour les réfugiés (HCR), où il avait déjà travaillé en étroite collaboration avec António Guterres lorsque ce dernier le dirigeait.

M. Guterres a toujours donné aux hauts commissaires "l'espace et l'indépendance nécessaires pour exercer leur mandat pleinement et cela ne changera pas du tout quand Volker Türk prendra ses fonctions", a assuré jeudi le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric, interrogé sur la proximité entre les deux hommes.

Suivi sur le Xinjiang

"Si vous regardez sa carrière au HCR, il l'a passée à défendre les droits des hommes, des femmes et des enfants qui demandaient protection au nom du droit international. Il l'a fait avec énergie, y compris en défendant des affaires devant la justice pour défendre le droit des réfugiés", a-t-il ajouté.

Le choix d'António Guterres pour un diplomate inconnu du grand public contraste avec celui qu'il avait fait il y a quatre ans en souhaitant nommer à ce poste sensible une femme politique puissante, l'ancienne présidente du Chili Michelle Bachelet, toujours pas remplacée une semaine après son départ.

M. Türk trouvera une table de travail bien garnie. Mme Bachelet a choisi de rendre public quelques minutes avant la fin de son mandat un rapport attendu de longue date sur de possibles crimes contre l'humanité dans la région chinoise du Xinjiang, dont le suivi délicat incombera à son successeur.

Vertement critiqué par la Chine, qui a exercé de très fortes pressions et mené campagne pour en empêcher la publication, ce document de 48 pages a été salué par bon nombre de pays occidentaux qui y voient une base solide pour dénoncer les exactions commises par les autorités chinoises.

"Une voix forte"

Dans ce rapport, l'ONU évoque de possibles "crimes contre l'humanité" et fait état de "preuves crédibles" de tortures et de violences sexuelles à l'égard de la minorité ouïghoure.

S'il ne comporte pas de révélations sur la situation dans le Xinjiang, ce document apporte le sceau des Nations unies aux accusations portées de longue date contre les autorités chinoises. Il n'emploie toutefois pas le mot de "génocide", utilisé en janvier 2021 par les Etats-Unis et adopté ensuite par les députés d'autres pays occidentaux.

Les organisations de défense des droits fondamentaux ont appelé le prochain chef des droits de l'homme de l'ONU à se montrer courageux et à dénoncer des violations même dans les pays les plus puissants.

"Il doit parler haut et fort pour défendre les victimes des violations des droits fondamentaux à travers le monde. Elles comptent sur lui pour tenir tête à ceux qui violent les droits fondamentaux même si ce sont des Etats puissants", a insisté Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International dans un communiqué.

Opacité dénoncée

Plusieurs ONG et sources diplomatiques à Genève, où est basé le bureau des droits de l'homme de l'ONU, se sont montrées très critiques de l'opacité du processus de nomination.

"Le secrétaire général a manqué une occasion-clé de construire la légitimité et l'autorité du prochain haut commissaire", a commenté le directeur exécutif de l'organisation International Service for Human Rights (ISHR), Phil Lynch, assurant toutefois que son organisation comme d'autres chercheraient à "travailler étroitement" avec le prochain haut commissaire.

ats, afp

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