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Une centrale thermique menacée, les évacuations continuent

Sur les 156 incendies qui se sont déclarés en une semaine dans l'ensemble du pays, neuf sont toujours actifs. © KEYSTONE/AP/Emre Tazegul
Sur les 156 incendies qui se sont déclarés en une semaine dans l'ensemble du pays, neuf sont toujours actifs. © KEYSTONE/AP/Emre Tazegul


Publié le 03.08.2021


Les incendies qui font rage depuis une semaine en Turquie se rapprochent mardi d'une centrale thermique à Milas, dans le Sud du pays. Des habitants continuent d'être évacués face à la progression des feux qui ont déjà fait huit morts.

"Si nous ne pouvons arrêter l'incendie par une intervention aérienne (...), il se dirigera vers la centrale thermique. La situation est très sérieuse", s'est alarmé lundi soir le maire de Milas (Sud) Muhammet Tokat dans une vidéo qu'il a partagée sur Twitter.

Mardi après-midi, le feu n'était toujours pas contrôlé et a dépassé, selon M. Tokat, "le point critique". La Turquie subit les pires incendies depuis une décennie, qui ravagent des forêts et des terres agricoles, ainsi que des zones habitées sur les côtes méditerranéennes et égéennes.

Une équipe de l'AFP dans la ville égéenne de Marmaris a vu des agriculteurs sortir leurs animaux de leurs étables en feu et les conduire vers une plage. "Une de mes vaches est morte. Elle a brûlé. Je n'ai jamais vu quelque chose comme cela. Je ne peux même pas appeler cela un feu. C'était comme une bombe", a raconté Mevlut Tarim, un paysan de Hisaronu, près de Marmaris.

Nouveau foyer en Grèce

Des touristes et des villageois effrayés ont été évacués par bateau alors que les vents violents et la chaleur propageaient les flammes. Des températures supérieures à quarante degrés dans plusieurs villes de la Turquie ont aussi provoqué une augmentation record de la consommation d'électricité, donnant lieu à des coupures de courant lundi dans les grandes villes comme Ankara et Istanbul.

En Grèce voisine, touchée aussi par les incendies et la pire canicule depuis plus de trente ans, un nouveau foyer s'est déclaré mardi à trente kilomètres au nord d'Athènes, forçant les autorités à fermer par précaution une partie de l'autoroute reliant la capitale grecque au nord et au sud du pays.

Manque de bombardiers d'eau

Sur les 156 incendies qui se sont déclarés en une semaine dans l'ensemble du pays, neuf sont toujours actifs. L'Union européenne a envoyé trois avions bombardiers d'eau, deux depuis l'Espagne et un de la Croatie, pour aider la Turquie à lutter contre les incendies.

Avant l'annonce de l'aide de l'UE, la Turquie avait emprunté des avions auprès de la Russie, de l'Ukraine, de l'Azerbaïdjan et de l'Iran. Mais le pays ressent cruellement les conséquences de la disparition graduelle de sa propre flotte de Canadairs depuis quelques années.

Le principal parti d'opposition, le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), a reproché au président turc Recep Tayyip Erdogan d'avoir démantelé l'infrastructure d'une organisation semi-publique qui détenait dans le passé des bombardiers d'eau et qui était en charge de la lutte contre les incendies.

"Je vais pleurer de rage", a tweeté mardi M. Tokat qui avait demandé lors de ses nombreuses interventions télévisées qu'un avion bombardier soit dirigé vers Milas, en vain. Elu du CHP, M. Tokat fait partie d'un nombre croissant de voix critiques de M. Erdogan à cause de sa gestion de la crise.

Erdogan critiqué

Critiqué pour avoir mis du temps à accepter l'aide internationale, le président turc a remercié mardi sur Twitter les pays qui ont proposé leur assistance. Le chef de l'Etat turc a aussi suscité la colère de nombreux Turcs sur les réseaux sociaux pour avoir jeté des sachets de thé à des habitants confus alors qu'il visitait la ville touchée de Marmaris avec une forte escorte policière le week-end dernier.

Face aux voix croissantes sur les réseaux sociaux reprochant au gouvernement une intervention insuffisante, le chef des communications de la présidence Fahrettin Altun s'est plaint des "fausses nouvelles" qui seraient partagées pour donner l'impression d'une Turquie "faible".

Le Haut Conseil turc de l'audiovisuel (RTUK en turc) a de son côté mis en garde les chaînes de télévision contre la diffusion d'informations sur les incendies qui pourraient "provoquer la peur et l'inquiétude" au sein de la population. Le RTUK a aussi appelé les chaînes à montrer les feux qui ont pu être éteints et pas seulement des incendies en cours.

ats, afp

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