Chronique: Quand l’enfance sentait le caoutchouc
Angélique Eggenschwiler
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On n’a jamais vraiment su ce qu’il y avait à l’intérieur. Enfant déjà, ça ne nous attirait pas, ou alors par dépit, les longs dimanches d’anniversaire au café du village où on venait désosser un poulet au panier pour les 60 ans de tonton Michel. Au bout de quatre heures interminables à le regarder descendre la réserve de vieille prune, vous mendiez deux balles que vous glissiez dans l’automate. En ressortait une boule en caoutchouc qui rebondissait sur un carrelage taupe. Toute une époque.
Plus personne n’y fait attention, à ces vieux distributeurs à jouets qui traînent au fond des cafés. Le mécanisme est rouillé, la vitrine opaque: on dirait les phares d’une vieille Twingo abandonnée sur un parking de Montauban depuis le choc pétrolier. Ils sentent le gras de friteuse et les années nonante, témoignage d’un autre temps qu’on a oublié de charger sur un camion-benne, sans doute parce qu’il faudrait repeindre derrière. Ils ont connu la fin du téléphone à clapet et du blouson à fr