Antonescu, côté jardin
Avec Inflorescence, l’écrivaine cultive une écriture en bourgeonnements qui traverse les générations. Manière de saisir la nature humaine par la racine
Thierry Raboud
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Portrait » Pour espérer la floraison, cultiver son jardin. On imagine Raluca Antonescu écrivant, les yeux posés sur le regain ou les premières sèves, mâchonnant comme ses personnages de jeunes pousses, trèfle et pourpier, en bouche un goût reverdissant. «J’ai grandi dans un petit village, depuis j’ai besoin de sentir les plantes, de les toucher, de les goûter. Je ne suis pas devenue jardinière, mais je passe beaucoup de temps à observer ceux qui les entretiennent passionnément, qui font de cette domestication du vivant un moyen d’expression», note la Genevoise.
Telle est sa nature. Etablie en France voisine pour avoir son pied-à-terre, la romancière taille ses phrases comme d’autres leurs massifs. Attentif aux éléments, son verbe semble toujours plonger ses racines dans l’humus, creuser ses sillons dans les séd