Écrivains, vos papiers!
Les manuscrits continuent de fasciner. Si le numérique en a favorisé la sauvegarde, il n’a pas épuisé leur aura de mystère
Thierry Raboud
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Reportage » Rivée au microscope, elle a ôté avec un coton-tige tous les résidus de colle qui entachaient ce manuscrit. Avec assez d’eau pour réactiver la substance, pas trop pour ne risquer de diluer l’encre, d’effacer la somptueuse dentelle de ces poèmes arabes vieux comme Gutenberg. Il lui a fallu un mois. Ce n’est plus de la minutie, c’est de la bravoure.
«Ces objets me fascinent, pour leur portée culturelle mais aussi car ce sont de véritables bijoux d’artisanat!» Son œil est d’enfant, à Sandra Vez, lorsqu’elle évoque les joyaux friables sur lesquels elle veille, armée de patience soigneuse. Restauratrice à la Fondation Martin Bodmer de Cologny (GE), elle sait sa chance de n’avoir à soigner que l’exceptionnel, le rare, l’inestimable. «Comme les pièces les plus belles