Colombe Schneck » Mensonges au paradis n’est pas le joli roman suisse que l’écrivaine Colombe Schneck ambitionnait d’écrire. Au-delà des traits helvétiques plaisants, placés pour faire couleur locale, cet ouvrage revisite une enfance vécue avec des parents marqués par le drame de la Shoah, mais aussi passée, dès les vacances venues, dans une pension nommée Le Home, située peut-être dans le Pays-d’Enhaut.

Ce subtil exercice de désenchantement commence lorsque la narratrice apprend que les enfants du patriarche du Home, Karl Ammann, ont mal tourné. Revivant les souvenirs de ses vacances, elle comprend le caractère vicié du couple Ammann: punitions, négligence, réflexions qui ne passent plus: «Il y a les nénés qui poussent, surtout Colombe», a dit Karl à la narratrice, mortifiée. «L’ignorance et l’oubli me conviennent bien», avoue la narratrice. Si dur que soit l’exercice, éclairer les ombres d’une enfance qui avait pourtant laissé de bons souvenirs lui permet de comprendre sa