La Liberté

Nouvelle mobilisation en force

La France est à nouveau descendue hier dans la rue pour protester contre la réforme des retraites

Publié le 01.02.2023

Temps de lecture estimé : 5 minutes

France » Entre 1,2 et 2,8 millions de personnes ont manifesté hier à travers la France pour protester contre la réforme des retraites, projet phare du président Emmanuel Macron, mais la grève semblait moins suivie que lors de la première journée de mobilisation le 19 janvier.

La mobilisation dans la rue a été un peu plus importante hier, avec au moins 1,2 million de manifestants contre plus de 1,1 million il y a douze jours, selon le Ministère de l’intérieur. Le syndicat CGT annonçait lui 2,8 millions de manifestants.

A Paris, la mobilisation a atteint 87 000 personnes selon le ministère, 55 000 selon le cabinet indépendant Occurrence, et 500 000 selon la CGT qui appelle avec les autres syndicats à de nouvelles manifestations mardi 7 et samedi 11 février.

Vent debout

Dans la capitale, le cortège était emmené par les leaders syndicaux, tous vent debout contre le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, rassemblés derrière la banderole «Réforme des retraites: travailler plus longtemps, c’est non». Quelques échauffourées ont éclaté à mi-parcours entre les forces de l’ordre et plusieurs dizaines d’ultras.

La mobilisation était forte également dans les grandes villes de France, de Marseille dans le Sud à Rennes ou Nantes dans l’Ouest, où les manifestants criaient: «Macron, ta loi, elle passera pas!»

Des manifestations importantes ont aussi eu lieu dans les petites villes, comme à Mende, 12 000 habitants, dans le sud de la France. «C’est la première fois de toute ma vie que je manifeste. Je ne vois pas mon fils cuisinier porter des grosses gamelles à 64 ans», expliquait ainsi Christiane, 72 ans.

Moins de grévistes

Les manifestations étaient marquées par une forte présence de femmes protestant contre une réforme «injuste» dont elles s’estiment les «grandes perdantes».

Si la mobilisation dans la rue était en légère hausse, le nombre de grévistes semblait en baisse dans plusieurs secteurs publics et privés, notamment dans la fonction publique, avec un taux de grévistes de 19,4% à la mi-journée contre 28% lors de la première journée de mobilisation, selon le Ministère de la fonction publique.

Dans l’éducation, le ministère annonçait un taux d’enseignants grévistes de 25,92%, bien en deçà de la précédente mobilisation, mais les syndicats évoquaient eux au moins 50% de grévistes.

Les transports sont restés très perturbés, notamment les trains et les métros.

Et la mobilisation était toujours forte dans les raffineries et dépôts de carburants de TotalEnergies où l’on comptait 75 à 100% de grévistes, selon la CGT qui entend poursuivre le mouvement et n’a pas exclu des «arrêts» dans les raffineries la semaine prochaine.

«Indispensable»

La réforme des retraites, chantier crucial du second quinquennat d’Emmanuel Macron, prévoit notamment un recul de l’âge légal de 62 à 64 ans et une accélération de l’allongement de la durée de cotisation.

Malgré un rejet croissant dans l’opinion, l’exécutif reste ferme: M. Macron a jugé lundi soir la réforme «indispensable», après la première ministre Elisabeth Borne qui avait estimé que le report de l’âge légal de départ à 64 ans n’était «plus négociable».

Mme Borne a assuré hier entendre les «interrogations» et les «doutes» suscités par la réforme des retraites, tout en assurant vouloir maintenir son «cap».

«La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons. Le débat parlementaire s’ouvre. Il permettra, dans la transparence, d’enrichir notre projet avec un cap: assurer l’avenir de notre système par répartition. C’est notre responsabilité!» a tweeté la première ministre.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avec 11 000 policiers et gendarmes mobilisés hier partout en France pour encadrer les manifestants, accuse de son côté les partis de gauche de «bordéliser» le débat pour «empêcher systématiquement le gouvernement d’avancer».

Référendum

«M. Macron est certain de perdre», a assuré hier Jean-Luc Mélenchon, héraut de la gauche radicale, louant le combat du «peuple» face «à la caste et à son gouvernement».

A l’Assemblée nationale, quelque 7000 amendements ont été déposés, dont 6000 par la gauche, contre la réforme.

La demande d’un référendum sur les retraites a peu de chances d’être adoptée par l’Assemblée, seule la motion du Rassemblement national étant soumise lundi au vote des députés, au grand dam de la gauche qui dénonce un «détournement démocratique».

La motion RN doit être soumise au vote en premier lieu, si tous ses signataires sont bien présents le 6 février. Si cela n’était pas le cas, il serait toutefois possible que la motion Nupes soit mise aux voix, là aussi avec la nécessité que tous les signataires soient présents.

La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.

Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail, pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. Il défend son projet en le disant «porteur de progrès social», notamment en revalorisant les petites retraites. ats/afp

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