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Saccage des lieux de pouvoir au Brésil: les réactions à l'étranger

L'invasion au Brésil rappelle beaucoup celle du Capitole à Washington initiée par des trumpistes il y a deux ans. © KEYSTONE/EPA/ANDRE BORGES
L'invasion au Brésil rappelle beaucoup celle du Capitole à Washington initiée par des trumpistes il y a deux ans. © KEYSTONE/EPA/ANDRE BORGES

ATS

Publié le 09.01.2023

Temps de lecture estimé : 13 minutes

L'invasion des lieux de pouvoirs brésiliens par des partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro a suscité de nombreuses condamnations dans le monde.

 

Suisse

La Suisse a «réitéré (son) soutien aux institutions brésiliennes et à la démocratie», a tweeté le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

 

Etats-Unis

D'un seul mot lancé aux journalistes, le président américain Joe Biden a jugé «scandaleuses» les violences des manifestants bolsonaristes, dans une réaction directe lors d'un déplacement au Texas (sud), avant de partir au Mexique.

Dans un tweet, il a ensuite «condamné» cette «attaque contre la démocratie et le transfert paisible du pouvoir au Brésil. Les institutions démocratiques du Brésil ont tout notre soutien et la volonté du peuple brésilien ne doit pas être sapée», a ajouté Joe Biden, se disant «impatient» de travailler avec le président Lula.

 

Chine

«La Chine suit avec attention et s'oppose fermement à l'attaque violente contre les autorités fédérales au Brésil le 8 janvier», a déclaré lundi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d'un point de presse.

«Nous estimons que, sous la direction du président Lula, le Brésil maintiendra la stabilité nationale et l'harmonie sociale», a-t-il ajouté, qualifiant le Brésil de «partenaire stratégique global» de la Chine.

 

Russie

«Nous condamnons de la manière la plus ferme les actions des instigateurs des troubles et soutenons pleinement le président brésilien Lula da Silva», a déclaré lundi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

 

Union européenne

Le président du Conseil européen Charles Michel a exprimé sur Twitter sa «condamnation absolue» de cet assaut et son «soutien total au président Lula da Silva, démocratiquement élu par des millions de Brésiliens à l'issue d'élections équitables et libres».

Même soutien exprimé par le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, qui s'est dit «consterné» par les actes d'«extrémistes violents». «La démocratie brésilienne l'emportera sur la violence et l'extrémisme», a-t-il tweeté.

La présidente du Parlement européen Roberta Metsola s'est dite «profondément préocupée». «La démocratie doit toujours être respectée», a-t-elle tweeté en portugais.

 

Allemagne

Le chancelier allemand Olaf Scholz a fustigé sur Twitter attaque «intolérable» contre la démocratie. Le gouvernement allemand «est aux côtés du président Luiz Inacio Lula da Silva», a ajouté M. Scholtz.

 

France

«La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées! Le président Lula peut compter sur le soutien indéfectible de la France», a tweeté le président français Emmanuel Macron, en français et en portugais.

«Ces attaques constituent une mise en cause inacceptable du résultat d'une élection démocratique, remportée sans ambiguïté le 30 octobre dernier par M. Luiz Inácio Lula da Silva», selon le ministère des Affaires étrangères.

 

Italie

La Première ministre italienne d'extrême droite Giorgia Meloni a estimé que «ce qui se passe au Brésil ne peut pas nous laisser indifférents. Les images de l'irruption dans les sièges des institutions sont incompatibles avec toute forme de désaccord démocratique. Le retour à la normale est urgent et nous exprimons notre solidarité aux institutions brésiliennes», a-t-elle déclaré sur Twitter.

 

Espagne

Le gouvernement de gauche espagnol a dénoncé lundi le caractère «trumpiste» des assauts bolsonaristes. «Il y a un caractère, disons, trumpiste dans la manière d'agir hier (dimanche) avec des militants d'extrême droite mobilisés entrant dans le Congrès», a affirmé le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, sur la radio Cadena Ser.

 

Pape

«Je pense aux diverses crises politiques dans plusieurs pays du continent américain, avec leur lot de tensions et de formes de violences aiguisant les conflits sociaux», a affirmé lundi le pape François lors de ses voeux au corps diplomatique. «Je pense particulièrement à ce qui s'est passé récemment au Pérou et ces dernières heures au Brésil».

 

Canada

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a souligné dans un tweet que «le respect du droit démocratique des gens est primordial dans toute démocratie - y compris au Brésil». «Nous réaffirmons notre soutien au président Lula», a-t-il ajouté.

 

Mexique

«Répréhensible et antidémocratique, la tentative de coup d'Etat des conservateurs au Brésil», a écrit le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador sur Twitter. «Lula n'est pas seul, il a le soutien des forces progressistes de son pays, du Mexique, du continent américain et du monde».

 

Argentine

Le président argentin Alberto Fernandez a insisté, lui aussi sur Twitter, sur «son soutien inconditionnel et celui du peuple argentin à @LulaOficial face à cette tentative de coup d'Etat».

 

Cuba

Le président cubain Miguel Diaz-Canel a condamné ces actes destinés à «générer le chaos et à bafouer la volonté populaire», estimant sur Twitter que les «bolsonaristes imitent les trumpistes» lorsque ceux-ci avaient pris d'assaut le Capitole à Washington.

 

Bolivie

«Les fascistes chercheront toujours à prendre par la force ce qu'ils n'ont pas obtenu dans les urnes», a déclaré sur Twitter le président bolivien Luis Arce.

 

Chili

«Le gouvernement brésilien a tout notre soutien face à cette attaque lâche et vile contre la démocratie», a commenté sur Twitter le président chilien Gabriel Boric.

 

Venezuela

Le dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro a condamné «de manière catégorique la violence générée par les groupes néofascistes de Bolsonaro» qui cherchent à destituer le président Lula.

 

OEA

Le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA) Luis Almagro a condamné «l'attaque contre les institutions à Brasilia, qui constitue une action répréhensible et une attaque directe contre la démocratie». «Ces actions sont inexcusables et de nature fasciste», a-t-il tweeté.

 


Les lieux de pouvoir sous contrôle après l'assaut des bolsonaristes

Les condamnations se multipliaient lundi dans le monde au lendemain de la prise d'assaut de plusieurs bâtiments officiels de Brasilia par des partisans de l'ex-président Jair Bolsonaro. L'actuel chef d'Etat Lula da Silva, revenu, a dénoncé l'oeuvre de «putschistes».

De Washington à Moscou en passant par Pékin et les capitales européennes, les dirigeants du monde ont affirmé leur soutien à Lula et condamné les violences des manifestants bolsonaristes durant le chaos qui a duré plusieurs heures à Brasilia, rappelant l'invasion du Capitole à Washington il y a deux ans.

Les forces de l'ordre ont repris le contrôle du palais présidentiel, du Congrès et de la Cour suprême envahis dimanche par des centaines de manifestants anti-Lula, a affirmé le ministre de la Justice et de la Sécurité Flavio Dino.

«Les putschistes qui ont promu la destruction des propriétés publiques à Brasilia sont en train d'être identifiés et seront punis. Demain, nous reprenons le travail au palais de Planalto. Démocratie toujours», a tweeté le président de gauche, qui a inspecté les bâtiments saccagés à son retour à Brasilia tard dimanche soir.

Plus de 300 interpellations

Plus de 300 personnes ont été interpellées et le parquet général a demandé l'ouverture immédiate d'investigations pour établir «la responsabilité des personnes impliquées» dans l'attaque des bâtiments officiels.

La zone avait été bouclée par les autorités. Mais les bolsonaristes, pour beaucoup habillés du maillot jaune de la Seleçao, la sélection de football du Brésil, un symbole qu'ils se sont approprié, sont parvenus à forcer les cordons de sécurité. Ils ont provoqué des dégâts considérables dans les trois immenses palais, qui sont des trésors de l'architecture moderne et regorgent d'oeuvres d'art. Des tableaux d'une valeur inestimable ont été endommagés.

Mimétisme avec les émeutiers américains

Sur les réseaux sociaux ont circulé des vidéos montrant des bureaux de parlementaires saccagés. Un manifestant s'est assis sur le siège du président du Sénat, un mimétisme saisissant avec les émeutiers partisans de l'ex-président américain Donald Trump qui avaient envahi le Capitole il y a deux ans.

Selon la chaîne CNN, des manifestants ont mis le feu au tapis d'un salon du Congrès, qui a dû être inondé pour éteindre l'incendie.

Journalistes agressés

Un syndicat de presse a fait état de l'agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l'AFP a été frappé et s'est fait voler tout son matériel.

«Nous ne reconnaissons pas ce gouvernement parce qu'il est illégitime», a déclaré à l'AFP Victor Rodrigues. «Nous ne reculons pas, nous allons partir d'ici, mais nous reviendrons», a-t-il promis.

Le cri de ralliement des manifestants «intervention militaire» (pour chasser M. Lula du pouvoir) a continué de s'élever de la foule restée aux abords du Congrès des heures durant, malgré les fumées des gaz lacrymogènes ou les canons à eau de la police.

Condamnation molle de Bolsonaro

Depuis la défaite de Jaïr Bolsonaro, ses partisans manifestaient déjà devant des casernes, réclamant l'intervention de l'armée pour empêcher Lula de revenir au pouvoir pour un troisième mandat après ceux de 2003 à 2010.

L'ex-dirigeant populiste, lui, se trouve aux Etats-Unis, où il est parti deux jours avant l'investiture de Lula, se refusant à remettre l'écharpe présidentielle à celui qui l'a défait d'une courte tête à la présidentielle d'octobre.

Dans une série de tweets, il a condamné sans fermeté «les déprédations et invasions de bâtiments publics». Mais il a aussi «rejeté les accusations, sans preuve» de son successeur selon qui il aurait encouragé les violences.

Ses alliés se désolidarisent

Plusieurs de ses alliés se sont désolidarisés des violences de dimanche, dont Valdemar Costa Neto, président du Parti libéral (PL), le parti de Bolsonaro, qui a regretté "un jour triste pour la nation brésilienne".

Le gouverneur du district fédéral de Brasilia, Ibaneis Rocha, un autre allié de Jair Bolsonaro, a présenté ses excuses au président Lula dans une vidéo. Il a qualifié les responsables des déprédations des bâtiments publics de «vrais vandales» et de «vrais terroristes».

Réactions outrées dans le monde

Ces saccages ont provoqué une avalanche de réactions outrées dans le monde. Le président français Emmanuel Macron a dit à Lula qu'il pouvait «compter sur le soutien indéfectible de la France».

Evoquant une attaque «intolérable» contre la démocratie, le chancelier allemand Olaf Scholz a assuré être «aux côtés» de Lula. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a dénoncé le caractère «trumpiste» des assauts bolsonaristes.

Le président américain Joe Biden, qui entame lundi au Mexique un sommet des dirigeants d'Amérique du Nord réunissant Etats-Unis, Mexique et Canada, a jugé «scandaleuses» les violences des manifestants. «Utiliser la violence pour attaquer les institutions démocratiques est toujours inacceptable», a tweeté son secrétaire d'Etat Antony Blinken.

Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a dénoncé «la tentative de coup d'Etat des conservateurs au Brésil».

Moscou «soutient pleinement» Lula

Le Kremlin a déclaré «soutenir pleinement» Lula et condamné les violences «de la manière la plus ferme». La Chine s'est opposée «fermement à l'attaque violente contre les autorités fédérales au Brésil» et apporte son soutien à Lula.

Le pape François a dénoncé les «crises politiques» sur le continent américain, sources de «tensions et de violences», évoquant en particulier le Brésil.

 


Brésil - Guterres: «Ceux qui ne respectent pas la loi» doivent être punis

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est «choqué» par les incidents de dimanche au Brésil. «Ceux qui ne respectent pas la loi doivent en souffrir les conséquences», a-t-il dit lundi à Genève à la presse.

«J'ai confiance dans le peuple brésilien et dans la Constitution brésilienne», a affirmé le secrétaire général en marge de la conférence internationale pour un Pakistan résilient face aux chocs climatiques. Il se dit persuadé que l'Etat de droit prévaudra.

Il faut que les lois soient honorées, a-t-il encore ajouté. Auparavant, il avait condamné les incidents sur les réseaux sociaux, appelant à ne pas s'en prendre aux institutions du pays.

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