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Sursis pour l’exportation des céréales

La Russie s’est dite hier favorable à la prolongation de l’accord céréalier pour seulement «60 jours»

Publié le 14.03.2023

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Guerre en Ukraine » La Russie accepte de prolonger l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Au terme d’une réunion hier à Genève, elle a toutefois précisé qu’elle n’acceptait qu’une extension de deux mois, une proposition critiquée par Kiev.

«Notre position à l’avenir sera établie sur des avancées tangibles sur la normalisation de nos exportations agricoles», affirme le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine dans une déclaration écrite. «Pas en mots, mais dans les faits», ajoute-t-il.

La Russie exige des améliorations sur les paiements bancaires, les transports, les questions d’assurance ou encore le dégel des activités financières. Elle demande aussi des avancées sur l’acheminement de composantes chimiques par un oléoduc entre l’Ukraine et elle.

Kiev critique

Moscou reste fâchée parce qu’elle estime que les Occidentaux n’honorent pas l’arrangement entre l’exemption des sanctions pour les exportations de ses engrais. Ces aménagements américains et britanniques «sont largement inactifs», a déploré M. Verchinine.

Pour autant, elle ne va opposer aucune objection à un prolongement de l’accord sur les exportations ukrainiennes qui arrive à échéance samedi prochain. Au lieu de quatre mois jusqu’à présent, l’extension n’est garantie que pour la moitié de cette période, selon la décision russe.

Cette proposition a été critiquée par Kiev qui y voit une remise en question de l’entente initiale. «L’accord sur lInitiative céréalière de la mer Noire implique au moins 120 jours de prolongation, la position de la Russie de le prolonger de seulement 60 jours contredit donc le document signé par la Turquie et l’ONU», a tweeté le ministre ukrainien des Infrastructures Oleksandre Koubrakov.

Négociations «franches»

Il a précisé que l’Ukraine attendait «la position officielle» des Nations Unies et d’Ankara, en tant que «garants de l’initiative». L’ONU était, pour sa part, représentée à la fois par le chef des affaires humanitaires Martin Griffiths, qui était arrivé le visage fermé dans la matinée, et par la secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) Rebeca Grynspan.

Dans une déclaration publiée par les Nations Unies, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a confirmé que l’ONU ferait tout son possible pour préserver l’intégrité de l’accord et assurer sa continuité. Le soutien de l’organisation à cet accord fait partie de la réponse mondiale à la crise du coût de la vie la plus grave depuis une génération.

L’accord garantit l’exportation de céréales depuis l’Ukraine depuis quelques mois. Ce dispositif a permis d’acheminer près de 25 millions de tonnes de céréales vers d’autres pays, notamment dans l’Est de l’Afrique qui en dépend largement.

M. Griffiths n’avait pas caché récemment que l’accord était dans une «situation difficile». En colère, Moscou renâclait sur le nombre de personnes qu’elle déléguait dans le cadre de l’accord pour vérifier les chargements, selon des sources convergentes.

Guterres à la manœuvre

Très important, l’accord a contribué à éviter une crise alimentaire mondiale. La Russie, en contrepartie, avait obtenu un autre arrangement, sans limite de temps, pour que ses exportations d’engrais échappent aux sanctions.

La semaine dernière, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’était rendu en Ukraine pour aborder la situation avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il s’était également entretenu par téléphone avec M. Verchinine.

L’accord «a contribué à faire baisser le coût mondial des denrées alimentaires et a apporté une aide cruciale aux populations qui paient également un lourd tribut à cette guerre, en particulier dans les pays en développement», avait souligné le chef de l’ONU.

Il avait rappelé que les céréales et engrais ukrainiens, mais aussi russes, étaient «essentiels pour la sécurité alimentaire mondiale et les prix des denrées alimentaires», sur fond d’inflation généralisée dans de nombreux pays du monde.

Plusieurs Etats occidentaux, dont les Etats-Unis, appelaient de leur côté les Russes à ne pas bloquer le renouvellement de l’accord. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait de son côté affirmé jeudi dernier que les négociations étaient «compliquées». ats

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