La Liberté

Victoire cruciale pour Bennett

Le Parlement israélien est parvenu à faire adopter un budget après de longs débats

Guillaume Lavallée

Publié le 06.11.2021

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Jérusalem » Au terme d’un marathon de votes, le Parlement israélien a adopté hier le budget 2022. Une victoire clé pour la nouvelle coalition au pouvoir et un gage de stabilité après trois ans d’une crise politique inédite dans l’histoire de l’Etat hébreu.
«Après des années de chaos, nous avons formé un gouvernement, nous avons vaincu le (variant) delta et maintenant, Dieu soit loué, nous avons un budget pour Israël», avait déclaré à l’issue d’un premier vote, jeudi, le premier ministre Naftali Bennett.

Une longue crise
Entre décembre 2018 et juin 2021, Israël a été plongé dans une crise politique inédite née de l’incapacité, justement, de s’entendre sur un budget, conduisant à quatre élections anticipées. Pour éviter la dissolution du parlement et la tenue d’un cinquième scrutin, la coalition hétéroclite menée par Naftali Bennett et l’actuel chef de la diplomatie Yaïr Lapid, au pouvoir depuis juin, devait faire adopter son projet de budget d’ici au 14 novembre.
«Le gouvernement Bennett a reçu cette semaine ce qu’il attendait depuis 143 jours: de la stabilité et un horizon. Il ne s’agit plus d’un gouvernement fragile, claudiquant, au futur remis en question et pouvant tomber au moindre vent», a commenté hier le Yediot Aharonot, quotidien le plus vendu d’Israël.

Première historique
Le gouvernement – soutenu pour la première fois de l’histoire du pays par un parti arabe, la formation Raam – avait mis fin au règne de Benyamin Netanyahou, premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël.
«C’est la première fois qu’un parti arabe joue un rôle clé dans la formation d’une coalition et dans l’adoption du budget. Il s’agit d’une étape importante dans le processus d’intégration politique» de la minorité arabe. Disposant de 61 députés sur les 120 du parlement, la coalition a réussi à passer l’épreuve des budgets et a ainsi repoussé le spectre d’une nouvelle élection à court terme. Les médias israéliens ont rapporté des tentatives de l’opposition, menée par le parti de droite Likoud de M. Netanyahou, de convaincre un député du gouvernement de voter contre le budget.

Netanyahou en échec
Les budgets prévoient des dépenses de 609 milliards de shekels (plus de 167 milliards d’euros) en 2021 et de 573 milliards en 2022, avec une hausse de la dotation de l’armée et des fonds alloués pour limiter les inégalités économiques entre la majorité juive et la minorité arabe.
Depuis mercredi, les députés se prononçaient sur des centaines de points précis, donnant lieu à des scènes d’irritation, des échanges musclés, des cris et des moments cocasses comme lorsque M. Netanyahou a voté par erreur en faveur de la coalition. «Il peut arriver de se tromper en votant, vous n’avez qu’à demander aux électeurs de Bennett», a tweeté M. Netanyahou, visiblement déçu au parlement après l’adoption du budget. «Le gouvernement Bennett-Abbas nous fait plonger dans l’abysse», a-t-il écrit sur Twitter hier.

Elections évitées
Le budget adopté et la probabilité de nouvelles élections repoussée, la presse israélienne s’interrogeait sur le futur politique de l’ex-premier ministre âgé de 72 ans et accusé de corruption et de malversation dans une série d’affaires.
«L’adoption du budget va affaiblir encore davantage l’emprise de Netanyahou sur le Likoud», a estimé Yonatan Freeman, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. «La pression sur Netanyahou va se renforcer, pour qu’il explique ce qu’il compte faire», a-t-il ajouté.
La presse locale évoque de possibles successeurs à la tête de son parti tandis que ce dernier reste, malgré tout, loin devant dans de récents sondages en cas de nouvelles élections. AFP

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