La Russie, pays autoritaire et terroriste, veut reconstituer les marges de son empire et son aura à l’international. Comme ses célèbres poupées, elle est à la fois prévisible dans ses buts et constante dans ses méthodes. Elle procède par grignotages, qui sont autant de guerres hybrides, menées par sa propagande, par des mercenaires privés ou par des soldats professionnels.

D’abord, dernièrement, cette curieuse «opération militaire spéciale», en fait une opération de police contre un territoire – indépendant depuis 1991 – qu’elle considère comme sien, mais peuplé de nazis et de terroristes à éradiquer. Le mot «guerre» est logiquement proscrit, aussi par crainte d’effrayer le peuple à mobiliser.

Avant, en 2014, l’arrivée de «petits hommes verts» en Crimée aidés par le FSB (service de renseignement intérieur) et la création d’un abcès séparatiste armé au Donbass pour déstabiliser l’Ukraine, furent de brillants grignotages, presque à bas bruit. Au point d’endormir l’Otan et l’Occident avide de commerce.

On se souvient des rapines russes en Géorgie et en Moldavie, et on a en tête les grignotages du jour en Syrie et en Afrique. On rappellera aussi qu’auparavant, l’appétit fut dantesque lors de l’invasion par l’URSS des pays de l’Est et de la Finlande. Les Polonais se souviennent encore de l’ogre russe en 1939, aidé par le goinfre allemand.

Le grignotage, idéologique cette fois, vise aussi certains cerveaux occidentaux. Ces dégustateurs d’ordre rêvent-ils d’un menu avec un Occident décadent à croquer? Et ont-ils quelque appétit pour la sauce religieuse version Poutine? Enquêtons!

Benoît Rey, La Tour-de-Trême