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Les Anglais font aussi leur beaujolais, l’«English Nouveau»

Publié le 24.11.2020

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Gastronomie » Le Royaume-Uni a désormais son premier vin rouge primeur.

Dans le temps, les marchands de vin britanniques faisaient la course pour rapporter au Royaume-Uni le beaujolais nouveau. Mais désormais, les pentes douces du Herefordshire donnent au Royaume-Uni son premier vin rouge primeur, dans un vignoble anglais qui ne cesse de croître.

Comme son aîné français, l’«English Nouveau» a coulé le troisième jeudi de novembre. Au nez, des arômes de «cerise, de mûre, de canneberge», mais aussi de fruits exotiques, pour un vin «à ne pas trop prendre au sérieux», explique à l’AFP Simon Day, vigneron à Ledbury, dans l’ouest de l’Angleterre. C’est un vin «pour s’amuser», un «petit rayon de soleil» .

A la fin des années 1970, début des années 1980, il se souvient que les marchands de vin britanniques rivalisaient pour être le premier à rapporter, directement de chez les producteurs français, du beaujolais nouveau, en faisant la route «le plus vite possible» à bord de leurs voitures de sport, remplies de caisses de vin. «C’était un grand événement», «beaucoup de presse», «beaucoup de rigolade», souligne Simon Day, qui espère aujourd’hui «que l’on puisse aussi fêter le bon vin rouge anglais».

Le vigneron est en effet le premier à produire un vin primeur rouge au Royaume-Uni. La cuvée 2020 est sa deuxième. L’intégralité de la production, 2500 bouteilles, sera vendue cette année dans une chaîne de supermarchés, Waitrose, pour 11,99 livres la bouteille (14,5 francs), plus cher que les beaujolais nouveaux, dont la plupart se vendent entre cinq et dix euros dans le commerce en France.

Au traditionnel cépage gamay, le vigneron anglais a préféré le pinot noir. Le procédé de vinification en revanche est le même, la macération carbonique, qui permet d’extraire saveur et couleur du raisin sans tanins trop prononcés. Dans la région, la vigne prend de plus en plus de place, au détriment des pommiers, moins rentables. La Grande-Bretagne comptait l’an dernier 3500 hectares de vignes, une surface qui a quadruplé depuis 2000 et augmenté de 150% en 10 ans, selon l’organisme de la profession Wine GB. L’île compte 770 vignobles, qui produisent 72% de vins pétillants.

Un autre facteur vient expliquer cette croissance: le réchauffement climatique. Simon Day, qui est l’un des rares vignerons de deuxième génération, a ainsi pu constater lui-même que les vendanges se font en moyenne deux ou trois semaines plus tôt qu’au début de sa carrière. Son père a commencé dans les années 1970 «à un jet de pierre de là, où nous nous trouvons». Il s’agissait du tout début du renouveau de la vigne en Angleterre.

«Je voulais vraiment faire du vin», raconte Simon Day. Son vignoble bénéficie d’un climat «relativement sec», et la nature du sol permet aux ceps de plonger profondément leurs racines pour se nourrir. On retrouve dans les écrits de l’évêque de la ville de Hereford «l’ordre de replanter sur les Morehills, où nous nous trouvons», en 1276, explique Simon Day. ATS/AFP

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