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«Brancusi contre États-Unis»: qu’est-ce qu’une œuvre d’art?

Pour sa première bande dessinée, Arnaud Nebbache revient sur le procès historique qui a opposé l’artiste roumain Brancusi au gouvernement américain en 1927

Avec «Brancusi contre États-Unis», Arnaud Nebbache signe une première BD de qualité. ©Dargaud
Avec «Brancusi contre États-Unis», Arnaud Nebbache signe une première BD de qualité. ©Dargaud

Kessey Dieu

Publié le 19.03.2023

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Article en ligne – critique BD » Avec «Brancusi contre États-Unis», Arnaud Nebbache signe un premier roman graphique réussi sur la notion de l’art. Dans cet ouvrage publié chez Dargaud en janvier 2023, l'auteur revient sur l'un des procès les plus emblématiques de l'histoire de l'art, qui a opposé le sculpteur roumain Constantin Brancusi aux douanes américaines dans les années 1920. Dans ce procès, il s’agissait pour Brancusi de faire reconnaître à l’une de ses sculptures le statut d’œuvre d’art.

Un oiseau qui ne convainc pas

À l’origine de cette célèbre bataille juridique, une sculpture de l’artiste intitulée «L’Oiseau dans l’espace», expédiée par navire depuis l’Europe pour être exposée à la Brummer Gallery de New York. À son arrivée sur le sol américain, les douaniers refusent de la considérer comme œuvre d’art, la qualifiant plutôt d’objet industriel et la soumettant ainsi à des droits de douane. Une décision qui suscite l’indignation de Brancusi, pour qui cette classification, au-delà de considérations financières, constitue une remise en question de son art. Se pose alors la question de savoir si son travail peut être considéré comme de l’art. Cette situation conduira à la fameuse affaire «Brancusi contre États-Unis», qui marquera un tournant décisif dans l’histoire de l’art moderne.

Entre art, droit et philosophie

Avec cette BD, le lecteur est invité à découvrir le parcours artistique de Brancusi, précurseur de l'art abstrait, et les coulisses d'un procès historique pour le monde artistique. La narration alterne habilement entre le procès, qui se déroule à New York, et le quotidien de Brancusi, en proie à des doutes dans son atelier parisien. Cette variation de perspectives permet de soulever des réflexions à la fois artistique, juridique, voire philosophique, accessibles à tous les lecteurs, même ceux qui ne sont pas initiés à l'art ou au droit. La retranscription du procès à Brancusi par Duchamp, resté sur place, permet de faire varier avec ingéniosité le style graphique de l’auteur, fait de couleurs vives en aplat et de traits bruts stylisés. En somme, "Brancusi contre États-Unis" est une BD enrichissante, qui offre une réflexion stimulante sur l'art à travers la mise en lumière d’une bataille juridique historique.

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