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Juges au Goncourt suisse

Des universités participent à la déclinaison suisse du célèbre prix littéraire. Rencontre avec des membres du jury de l’Université de Fribourg

Valentin Kolly et les autres membres du jury fribourgeois sont actuellement en train de départager les cinq livres encore en course pour le Prix Goncourt suisse. © Valentin Kolly
Valentin Kolly et les autres membres du jury fribourgeois sont actuellement en train de départager les cinq livres encore en course pour le Prix Goncourt suisse. © Valentin Kolly

Leonardo Mariaca

Publié le 16.11.2020

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Littérature » Si le Prix Goncourt est initialement créé par le testament du Français Edmond de Goncourt en 1892, d’autres nations que la France suivent le mouvement: «Plusieurs pays ont lancé leur propre choix Goncourt», explique Ella Stuerzenhofecker, 22 ans, déléguée du jury de l’Université de Fribourg. Toutefois, ce n’est que depuis 2015 que la Suisse prend part au concours, sous l’impulsion de Pierre Assouline de l’Académie Goncourt et de Robert Kopp, professeur à l’Université de Bâle.

Le Prix Goncourt suisse s’organise autour des universités. «Etre juge au Prix Goncourt suisse, c’est une chance donnée à tous les étudiants», affirme Valentin Kolly, 27 ans, organisateur du jury de l’Université de Fribourg. «C’est une belle opportunité particulièrement pour les étudiants en lettres qui peuvent mettre en pratique certains outils critiques acquis en cours.»

Facteur émotion

Le concours se fait en plusieurs temps. Il commence avec la sélection, par l’Académie Goncourt, de quinze livres écrits par des auteurs français. Cette liste est officiellement annoncée à la mi-septembre. «Nous sommes quinze juges à Fribourg, tous des étudiants, compte Valentin Kolly. Nous nous répartissons les livres afin que chaque ouvrage soit lu par au moins trois personnes, cela permet d’avoir un avis critique étendu.»

L’évaluation se fait sur des critères tels que le style d’écriture, la pertinence du sujet et la manière dont il est traité, sans oublier la cohérence du récit et de la narration. «Il y a aussi le facteur clé de l’émotion», affirme Ella. «En tant qu’étudiants en littérature, on nous demande souvent de prendre du recul vis-à-vis de notre lecture. Ici, on prend aussi en compte cet aspect plus subjectif mais essentiel en littérature: est-ce que j’aime cette histoire?»

Après leur lecture, les jeunes juges doivent proposer une note et les cinq meilleurs livres retenus sont défendus par deux délégués. Ces derniers se réunissent ensuite en assemblée, avec les délégués des universités participant au concours. «Une fois la sélection finale établie, tous les membres du jury lisent les livres retenus», expose Valentin Kolly, qui révèle son coup de cœur pour Thésée, sa vie nouvelle de Camille de Toledo, publié aux Editions Verdier. «C’est à ce moment-là que le choix devient crucial.»

Enfin l’ouvrage choisi par chaque université est défendu lors d’une nouvelle assemblée des délégués, qui désigne le lauréat: «La remise des prix se fait approximativement en même temps que celle du Goncourt français, sourit Ella. Je recommande à tous les étudiants qui le peuvent de tenter cette expérience. Elle permet de lire des livres contemporains, ce qui n’est pas souvent le cas en cours, et de défendre ses idées et apprécier les sensibilités de chacun.»

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