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Broc: le ruisseau de contournement de la Jogne bientôt prêt

A Broc, les travaux du ruisseau de contournement touchent à leur fin. Ils bénéficieront aux poissons

Réalisée cette semaine, une rampe en gravier permettra aux poissons à faible capacité natatoire de remonter le ruisseau qui traverse la forêt 
de saules blancs dans la zone alluviale de Broc. © Charly Rappo
Réalisée cette semaine, une rampe en gravier permettra aux poissons à faible capacité natatoire de remonter le ruisseau qui traverse la forêt 
de saules blancs dans la zone alluviale de Broc. © Charly Rappo

Maud Tornare

Publié le 02.03.2023

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Broc » C’est un paradis pour la faune sauvage, une réserve classée d’importance nationale pour les oiseaux d’eau et migrateurs. A Broc, à la pointe sud du lac de la Gruyère, leur chant se mêle depuis quelque temps au bruit des machines de chantier. «Dans la zone alluviale, nous sommes persona non grata. Chaque intervention est étudiée pour avoir le moins d’impact possible», explique Jean-Claude Kolly, responsable d’exploitation des barrages chez Groupe E. Maître d’ouvrage du ruisseau de contournement de la Jogne, le fournisseur d’électricité réalise cette semaine la dernière phase des travaux. Lancé il y a 12 ans, ce projet doit permettre de rétablir une voie de migration pour la faune piscicole.

Ce projet résulte de la loi fédérale sur la protection des eaux et fait partie des mesures complémentaires demandées par les services de l’environnement et des forêts dans le cadre de l’assainissement de la Jogne. Son coût s’élève à environ 3 millions de francs, en grande partie financé par les consommateurs via une taxe qui alimente le fonds Swissgrid. Sur les 500 litres par seconde restitués à la Jogne par le barrage de Montsalvens, 350 l/s seront captés pour alimenter ce ruisseau artificiel de 1,7 km de long.

Bassière plus profonde

L’aménagement de cette «nouvelle Jogne» a débuté en 2021 avec la réalisation du premier tronçon en contrebas d’Electrobroc jusqu’au Vieux-Port. Au départ, il était envisagé que le ruisseau creuse naturellement l’essentiel de son lit dans la zone alluviale, inondée durant un an. Un scénario qui ne s’est finalement pas réalisé.

Condamnée à terme à disparaître en raison du manque de dynamique alluviale à cet endroit, la forêt de saules blancs, la plus grande de Suisse, risquait de mourir prématurément en étant inondée trop longtemps, selon un biologiste spécialiste. «Nous avons donc demandé au canton de pouvoir entreprendre cette année des travaux dans la zone alluviale», indique Jean-Claude Kolly. La bassière a d’abord été creusée le long de la route du lac entre Broc et Morlon. «Il s’agit d’une sorte d’étang où les poissons pourront venir en permanence quel que soit le niveau du lac», explique Jean-Claude Kolly. Cette zone marécageuse n’était jusqu’alors inondée que lorsque le niveau de l’eau montait au-dessus de 674,5 mètres. Lors des décrues, bon nombre de poissons s’y retrouvaient piégés.

Réalisés par l’entreprise JPF, ces travaux ont nécessité le terrassement d’environ 700 m2 de terre pour atteindre une profondeur de 1,5 m dans la bassière. Afin de permettre à la végétation de se développer, le fond de l’étang, parsemé de souches d’arbre, n’est volontairement pas régulier.

«Il a fallu enseigner aux machinistes une nouvelle façon de faire pour obtenir des variations pseudo-naturelles du sol» souligne Jean-Claude Kolly. A défaut de pouvoir être évacués comme terre végétale, 1000 m3 de terre contenant de faux roseaux ont dû être compostés, occasionnant un surcoût de 60 000 francs.

Une rampe pour poissons

Entre les saules blancs, une tractopelle s’activait en début de semaine à la réalisation de l’ouvrage de restitution sur le tronçon du ruisseau qui rejoint la Jogne à l’embouchure du lac de la Gruyère. D’environ 100 mètres de long, cette rampe en gravier permettra de ralentir le débit du ruisseau et aux poissons à faible capacité natatoire de remonter jusqu’à la première partie des gorges de la Jogne pour y frayer à l’abri des variations de débit. Pour réaliser cet aménagement, environ 100 m3 de gravier ont été prélevés dans le lit de la Jogne. Nécessitant l’arrêt de la centrale hydroélectrique, les travaux ont été concentrés sur trois jours. «En raison du prix de l’énergie, la durée d’arrêt de la centrale de Broc a dû être réduite au minimum pour limiter les coûts d’exploitation», précise Jean-Claude Kolly.

Afin de redynamiser la zone alluviale, une brèche sur la rive droite du canal de la Jogne sera encore réalisée ces prochaines semaines. L’entier des travaux sera terminé à la fin mars. Groupe E, chargé de l’exploitation du ruisseau, procédera alors à sa mise en eau. «Cela nous permettra de tester l’étanchéité du ruisseau et, en cas de besoin, de faire des aménagements complémentaires», explique le responsable d’exploitation. Avec la prédation des poissons, le ruisseau devrait également permettre de réduire le traitement par biocide des larves de moustiques qui pullulent dans la zone alluviale. «On ne sait pas encore comment la nature va reprendre ses droits, ni quelle sera la végétation pionnière. Un suivi durant cinq ans sera effectué», précise Jean-Claude Kolly. 

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