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Lutter contre les lunettes embuées

Diverses méthodes chassent la buée des verres. Mais il ne s’agit pas d’une mine d’or pour les opticiens

Il existe des liquides capables de réduire la buée sur les lunettes. © Alain Wicht
Il existe des liquides capables de réduire la buée sur les lunettes. © Alain Wicht

Lise-Marie Piller

Publié le 20.04.2021

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Vue » Les porteurs de lunettes connaissent cette situation: ils mettent leur masque, et hop, leurs binocles ressemblent à un sauna. Les grandes montures sont les plus problématiques, car l’air circule moins derrière le verre, selon Miguel Santos, copropriétaire d’Optic 2000 à Payerne. Différentes solutions existent, à commencer par le fait de placer ses lunettes sur le masque. Il y a aussi des lingettes, des sprays, des gels et des liquides contenant une substance antibuée qu’il faut étaler sur les verres après les avoir nettoyés. Un processus à répéter régulièrement.

«Cela n’empêche pas totalement l’apparition de buée. Il y en aura toujours en cas de variation de température importante. Par exemple, lorsqu’une personne entre dans un magasin alors qu’il fait froid à l’extérieur», illustre Damien Gremaud, opticien chez Schmutz Opticiens à Fribourg. Un problème qui se pose donc moins en été. «Avec ces méthodes, la buée arrive moins vite et se dissipe plus rapidement. Il n’existe pas de solution miracle», confirme Joël Ferreira Ribeiro, opticien à Chris Optique Avenches.

« Il n’existe pas de solution miracle.»
Joël Ferreira Ribeiro

On trouve aussi des verres spéciaux. Mais ceux-ci seraient plus difficiles à nettoyer en raison du traitement qui les recouvre, selon Christophe Houlmann, copropriétaire d’Optic 2000 à Payerne, qui pense que les fournisseurs de verre vont plancher sur la question pour développer de meilleures alternatives.

Pas des nouveautés

Certains opticiens proposent des sortes de clips. Ce dispositif se fixe sur le masque au niveau du nez et empêche l’air de s’échapper, comme l’explique Léonard Bays, qui s’est récemment lancé dans ce marché (lire le lien juste en dessous). L’étudiant en mécanique à la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg est passé d’une à deux demandes par jour à une vingtaine en moyenne depuis qu’il s’est fait connaître. «Quelqu’un m’a dit que cela lui avait changé la vie», se réjouit-il.

De leur côté, les opticiens disposaient déjà de la panoplie antibuée avant l’arrivée du coronavirus. Ce matériel était apprécié par exemple par les bouchers, qui font des va-et-vient entre le réfrigérateur et la boutique, comme l’indique Damien Gremaud. Susy De Vito, employée à Bellavista Eyewear à Estavayer-le-Lac, donne l’exemple de sportifs portant des lunettes.

La demande a été très forte au début de la pandémie, à tel point qu’il y a eu des ruptures de stock. Le magasin Optic 2000 de Payerne a dû attendre la fin de l’année 2020 pour recevoir des lingettes. «C’était l’enfer pour se procurer les produits antibuée», confirme Damien Gremaud, qui en vendait une cinquantaine quotidiennement en mai 2020. Aujourd’hui, le ravitaillement est assuré et la demande a faibli.

Le chiffre d’affaires des opticiens n’augmente pas forcément car de tels articles sont peu coûteux. La clientèle est globalement en diminution depuis le début de la pandémie, selon Friedrich Grimm, président de la Fédération suisse des opticiens: «Certaines personnes ne viennent qu’en cas d’urgence, comme des lunettes cassées.»

Tous les porteurs de lunettes ont déjà vécu cette scène durant les derniers mois. Alain Wicht

Boom de la chirurgie

Il ne semble pas que les ventes de verres de contact soient en hausse. Parmi les quelques clients en ayant réclamé, Susy De Vito cite des coiffeurs. Friedrich Grimm estime qu’en raison du travail à domicile, beaucoup de gens préfèrent garder leurs lunettes. «C’est plus confortable», dit-il, ajoutant qu’il y a une meilleure oxygénation des yeux, même s’il existe aujourd’hui des lentilles très performantes. Il pense qu’en raison de la pandémie, certaines personnes ont peur d’aller chez l’opticien pour se faire conseiller des lentilles.

Il existe des solutions plus radicales. Les opérations des yeux afin de recouvrir une bonne vue sont en plein essor. «Les demandes ont augmenté de 20 à 30% depuis septembre», informe Alain Saad, directeur médical adjoint du Centre de l’œil à Fribourg. Autrement dit, le temps que les gens se rendent compte que la pandémie était partie pour durer, se renseignent et apprennent l’existence d’une telle chirurgie, selon lui. Il ajoute que beaucoup de clients disent avoir du temps pour prendre soin d’eux en raison d’une baisse de leur charge de travail.

Là non plus, cette hausse n’entraîne pas un meilleur chiffre d’affaires: «Nous avons presque rattrapé les trois semaines sans activité durant le semi-confinement de 2020», explique le directeur.

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