La Liberté

D’abord la peur, aujourd’hui l’espoir

Des sportifs fribourgeois susceptibles d’être au Japon en juillet, Robin Godel est le plus proche du bu

La saison des concours reprend en cette fin de semaine pour Robin Godel et Grandeur de Lully. Serge Petrillo-archives
La saison des concours reprend en cette fin de semaine pour Robin Godel et Grandeur de Lully. Serge Petrillo-archives

Patricia Morand

Publié le 15.04.2021

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Jeux olympiques » Dans cent jours, les sportifs du monde entier seront à pied d’œuvre au Japon afin de se disputer les médailles des Jeux de la XXXIIe olympiade de l’ère moderne. Ceci pour autant que la situation sanitaire internationale le permette. Prévue en 2020, la manifestation a été repoussée d’une année à cause du virus qui a chamboulé la vie de la planète. Dans le groupe des Fribourgeois susceptibles d’être sélectionnés selon un coup de sonde de La Liberté en été 2019, ils sont désormais moins nombreux. Le cycliste Danilo Wyss a par exemple pris sa retraite, alors que le tireur Gilles Dufaux se concentre pleinement sur le 300 m, une distance qui n’est pas olympique. Des prétendants toujours en lice (voir également ci-dessous), le cavalier Robin Godel semble le plus proche du but.

Reprise de la compétition

Robin Godel (22 ans) n’a participé qu’à six concours complets, sa spécialité, en 2020. Il ne l’a pas fait pour beurre. En septembre, après avoir obtenu quatre fois l’or chez les juniors, il devenait vice-champion de Suisse élite en selle de Grandeur de Lully. En octobre, il qualifiait sa deuxième monture, Jet Set, pour les Jeux olympiques, juste avant de commencer l’école de recrues pour sportifs d’élite à Macolin. Ses obligations militaires remplies depuis un mois, le Broyard peut entièrement se vouer à son objectif olympique.
«Je me suis mis à mon compte, à Avenches (dans les installations de l’Institut équestre national, ndlr) au début du mois de janvier», rappelle-t-il. Robin Godel a quitté son camp de base hier. Il est en Allemagne, à Radolfzell près du lac de Constance, avec l’équipe de Suisse de complet pour la première compétition de l’année. «Nous participons à une épreuve trois étoiles en cette fin de semaine afin de remettre les chevaux en route. Peut-être terminerons-nous avec une épreuve de saut d’un niveau plus élevé dimanche.»

6

cavaliers composent le cadre olympique helvétique.

«Chances assez bonnes»

Le cadre olympique helvétique se compose de six cavaliers. Quatre d’entre eux s’envoleront cet été pour le Japon, où trois seulement pourront participer. Les qualifications se joueront essentiellement au début du mois de mai à Marbach, en Allemagne, et à la fin du mois de juin à Avenches. «Avec deux chevaux (comme Felix Vogg et Caroline Gerber), mes chances d’être sélectionné sont assez bonnes», dit le Fribourgeois. «Et ça, c’est positif. Car de toute façon, un cheval devrait être prêt à faire le voyage. A moins d’un gros imprévu…» 
«Mes résultats des dernières années parlent en ma faveur. Plus les jours avancent, plus j’y crois», annonce Robin Godel. «Au cœur de l’hiver, j’ai redouté une nouvelle annulation. Puis, il y a aussi eu ce virus (rhinopneumonie équine, ndlr) qui a mis à l’arrêt toutes les manifestations équestres durant près de deux mois au début de cette année. Toute l’Europe a été touchée. J’ai vraiment eu peur que cela remette en question les Jeux. Mais là, tout recommence», se réjouit le Broyard. 


Steve Demierre est si proche et si loin à la fois


Steve Demierre, 48 ans, est le seul tireur de la région à avoir une chance de voir le stand des Jeux de Tokyo cet été. «Je viens de rentrer d’Inde, où s’est déroulée une épreuve de Coupe du monde avec une place nominative pour les Jeux à gagner. Cela n’a pas passé. Une dernière place sera attribuée à un européen lors des championnats continentaux à la fin mai en Croatie. Je suis motivé à fond et je prépare ce rendez-vous avec minutie. Il y a deux ans que je tourne autour du top huit, synonyme de finale, en me retrouvant entre le 9e et le 13e rang. Il faut que cela passe le jour J», explique le pistolier vaudois, citoyen d’Auboranges. Chef du sport d’élite de Swissshooting, Daniel Burger était également du déplacement en Inde: «Il sera plus difficile que jamais de se qualifier pour les Jeux olympiques cette année. L’égalité a été décrétée pour les participants masculins et féminins, mais il n’y aura pas plus de places au total dans le tir. La France n’en a pas en carabine, alors qu’elle est une nation reconnue. Comme l’Allemagne et l’Autriche, la Suisse a une place quota… Ce n’est que le début de la bagarre pour Tokyo, mais il nous faudrait encore un ou deux sésames. Car nous avons de très bons tireurs: un champion d’Europe, un recordman du monde…» PAM


Chance historique pour les athlètes

Et si Veronica Vancardo mettait fin à une disette de 21 ans en devenant la première athlète fribourgeoise depuis Nicolas Baeriswyl à disputer des JO?

«Pour l’instant, le relais 4x400 mètres n’est pas qualifié», coupe Veronica Vancardo (photo Charly Rappo), contactée par téléphone alors qu’elle est en camp d’entraînement en Turquie. Le quatuor suisse emmené par Lea Sprunger, dont fait partie intégrante Veronica Vancardo, pourra obtenir son ticket pour les Jeux au début mai, en Pologne, lors des World Relay, sorte de championnats du monde de la spécialité. Une place en finale A et le voyage pour Tokyo pourra être réservé. «Nous avions atteint cet objectif en 2019 à Yokohama, mais la qualification avait été annulée avec le report des Jeux olympiques, explique Veronica Vancardo. Je suis convaincue du potentiel du relais. Nous avons réussi cet objectif une fois, nous devons pouvoir le refaire.»

«Pour l’instant, le relais 4x400 mètres n’est pas qualifié»
Veronica Vancardo


La marche est quand même élevée face aux meilleurs relais mondiaux. «Pour nous donner les meilleures chances, nous devrons battre le record de Suisse (3’28’’52, ndlr). Nous avions fait 3’29’’15 à Yokohama. Nous en sommes capables si nous sommes toutes en forme.» Le quatuor aura une deuxième chance lors des européens par équipes, uniquement grâce à un bon temps. «Si on n’a pas cette qualification dans les jambes au World Relay ni aux européens, ça voudra dire qu’on ne le mérite pas, admet Veronica Vancardo. Je suis confiante, ma forme est meilleure que cet hiver. Les jambes démangent.»

Charles Devantay peut aussi rêver de Jeux olympiques avec le 4x400m, mais le parcours est plus escarpé. Le relais masculin ne sera pas en Pologne au début mai et ne pourra compter que sur une qualification au temps. «Ils rempliront avec les viennent-ensuite. Nous avons nos chances, mais elles ne sont pas énormes, souligne le Bullois. Disons qu’elles sont de l’ordre de 25%.» PB


Kershaw confiante, Coquoz moins


L’équipe féminine de basket 3x3 connaîtra son sort fin mai. Les dernières places pour Tokyo seront attribuées en Autriche. Avec Marielle Giroud, Nancy Fora et Evita Herminjard, la Villaroise Sarah Kershaw devra se sortir d’un groupe composé de l’Espagne, l’Italie, Taipei et l’Autriche pour passer en quarts de finale. Il faudra ensuite au minimum remporter la petite finale pour aller aux Jeux. «Ce sont des équipes que nous avons déjà battues, souligne Sarah Kershaw. Nos chances sont de l’ordre de 50%. Nous n’avons que rarement eu de veine, peut-être que ça tournera cette fois.»
Madeline Coquoz peut aussi encore rêver de Tokyo. Après un début de saison tonitruant durant lequel elle a battu tous ses records, la plongeuse n’a cependant pas été retenue par la fédération en individuel pour la Coupe du monde, qualificative, qui commence le 1er mai au Japon. Hypothéquant de facto ses chances pour les 3 mètres. Il lui reste la synchro avec Jessica Favre. Seuls sept duos seront qualifiés. «Nous allons nous battre, prévient Madeline Coquoz. J’estime nos chances à 20%. L’année dernière nous étions 9e en préliminaires. Nous ne sommes pas si loin.» PB

 

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