La Liberté

Premier grand titre pour Medvedev

Le Russe a remporté le Masters hier soir à Londres en battant l’Autrichien Dominic Thiem en finale

Publié le 23.11.2020

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Tennis » Daniil Medvedev (No 4) a conquis le premier grand titre de sa carrière en s’adjugeant le dernier Masters disputé dans l’O2 Arena. Le Russe de 24 ans s’est imposé 4-6 7-6 (7/2) 6-4 en 2 h 42’ en finale face au vainqueur du dernier US Open Dominic Thiem (No 3). Sacré dans le Masters 1000 de Paris le 8 novembre, Daniil Medvedev conclut donc en beauté une saison qui fut pour le moins compliquée jusqu’à ce fabuleux mois de novembre. Il n’avait auparavant pas joué la moindre finale en 2020, et n’avait plus battu de joueur figurant parmi les dix meilleurs mondiaux depuis octobre 2019.

Vainqueur de quatre tournois en 2019 – dont deux Masters 1000 –, Daniil Medvedev a remporté ses dix derniers matches dans cet exercice 2020 avec au passage sept succès face à des top 10. Il a d’ailleurs battu les trois premiers mondiaux (Novak Djokovic, Rafael Nadal et Dominic Thiem) pour cueillir le titre à Londres!

Force de caractère

Troisième joueur à réussir cet exploit après Boris Becker (Stockholm, 1994), Novak Djokovic (Montréal, 2007) et David Nalbandian (Madrid, 2007), Daniil Medvedev a démontré toute sa force de caractère dans l’O2 Arena. Sa métamorphose est remarquable: battu dans ses trois matches de poule en 2019, il a remporté ses cinq matches cette année!

Le Russe – qui parle un français quasi parfait – est en outre revenu de loin tant samedi soir qu’hier. Battu 3-6 7-6 (7/4) 6-3, Rafael Nadal a en effet servi pour le gain de leur demi-finale à 6-3 5-4, concédant alors un jeu blanc. Dominic Thiem a quant à lui mené 2/0 dans le tie-break de la deuxième manche en finale. Déjà battu en finale de ce Masters l’an passé, l’Autrichien se reprochera toutefois peut-être avant tout ce passing-shot à bout portant manqué sur l’une des deux balles de break dont il a bénéficié à 3-3 dans le deuxième set. Car il n’a pas pu faire grand-chose sur les sept derniers points du tie-break.

Plus agressif

Comme face à Rafael Nadal, le Russe a su forcer son destin en se montrant plus agressif. Ses slices de revers et son jeu de défense sans faille ont également fini par avoir raison de Dominic Thiem, qui a en outre semblé plus fatigué alors que son adversaire avait conclu sa demi-finale peu avant minuit samedi soir. Dominic Thiem a pourtant su réagir après la perte du deuxième set. L’Autrichien de 27 ans a écarté les cinq premières balles de break auxquelles il a dû faire face dans la manche décisive. Mais la sixième occasion fut la bonne pour Daniil Medvedev, qui a signé le break décisif dans le cinquième jeu de l’ultime set.

Daniil Medvedev a conservé sans trembler cet avantage pour devenir le deuxième Russe à gagner le Masters après Nikolay Davydenko, vainqueur de la première édition jouée dans l’O2 Arena en 2009. Il est aussi le premier joueur à terminer un Masters invaincu une année après un zéro pointé. ats

Résultats

Londres. Masters (5,7 millions de dollars/indoor). Simple. Demi-finales: Dominic Thiem (AUT/3) bat Novak Djokovic (SRB/1) 7-5 6-7 (10/12) 7-6 (7/5). Daniil Medvedev (RUS/4) bat Rafael Nadal (ESP/2) 3-6 7-6 (7/4) 6-3. Finale: Medvedev bat Thiem 4-6 7-6 (7/2) 6-4.

Double. Finale: Wesley Koolhof/Nikola Mektic (NED/CRO/5) battent Jürgen Melzer/Edouard Roger-Vasselin (AUT/FRA/7) 6-2 3-6 10/5.


COMMENTAIRE

Ne pas oublier les trois mêmes hommes

Parce que les finalistes du Masters ne se nomment pas Djokovic, Nadal ou Federer, il faudrait s’inquiéter pour ceux qui écrivent depuis plus d’une décennie l’histoire du tennis à l’encre indélébile. Le penser, c’est oublier que les quatre derniers vainqueurs à l’O2 Arena de Londres, Medvedev, Tsitsipas, Zverev et Dimitrov, n’étaient ni Serbe, ni Espagnol ni Suisse. A croire que le «tournoi des Maîtres», aussi attendu et prestigieux soit-il, n’est qu’un simple lot de consolation: du baume au cœur d’une nouvelle génération frustrée de n’avoir pas pu déboulonner le vieux et non moins fameux «Big Three», dont on parle encore beaucoup. Trop au goût des plus jeunes.

Le déclin des trois hommes trophée, de Federer et Nadal en particulier, a été trop souvent annoncé pour ne pas penser qu’ils seront toujours aussi fringants en 2021. Jamais, par exemple, Nadal n’avait vécu quinzaine aussi tranquille que lors de son 13e triomphe à Roland-Garros. Et s’il a laissé filer l’occasion d’enfin s’imposer au Masters, nul doute que le Majorquin sera dans six mois le favori à sa propre succession à Paris. Comme on reparlera nécessairement de Federer à l’approche de Wimbledon, lorsque le passage de la terre battue au gazon accentuera un peu plus le clivage entre les meilleurs joueurs et les meilleurs spécialistes.

Plus que ses deux comparses encore, Djokovic n’est pas près de (ni prêt à) desserrer son étreinte sur le circuit. Malgré un automne qu’il a traversé avec cet air désabusé qu’on lui connaît parfois, n’a-t-il pas terminé pour la sixième fois l’année au sommet du classement ATP, record de Sampras égalé? Certes, la saison a été tronquée par la pandémie et beaucoup estiment que la «perf’» du N° 1 mondial n’a pas sa place dans le Guinness Book. Mais jusqu’à l’US Open et cette balle qui a malencontreusement terminé sa course contre la glotte d’une juge de ligne, n’avait-il pas montré qu’il était le plus fort? Thiem aurait-il inauguré son palmarès en grand chelem sans la disqualification de celui qui avait laissé la plus belle impression jusque-là?

La question vient rappeler que l’Autrichien n’a éliminé aucun membre éminent du «Big Three» lors de son parcours victorieux à New York et que Medvedev avait été un poil court face à Nadal, une année plus tôt. Au meilleur des trois sets, ça passe de plus en plus souvent. Mais au-delà, Thiem, Medvedev et les autres n’ont plus autant d’arguments, preuve que la fraîcheur de la jeunesse n’est pas un ingrédient indispensable au succès dans un tournoi majeur. Mais ça, on le savait depuis longtemps… Pierre Salinas

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