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Des scientifiques ont reconstitué le génome en 3D d'un mammouth

Le mammouth ayant servi à l'analyse avait été dépecé, mais sa peau était restée intacte autour de la tête, du cou et de l'oreille gauche (cliché symbolique/Keystone archives). © KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS
Le mammouth ayant servi à l'analyse avait été dépecé, mais sa peau était restée intacte autour de la tête, du cou et de l'oreille gauche (cliché symbolique/Keystone archives). © KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS


Publié le 12.07.2024


Il y a 52'000 ans, la peau d'un mammouth laineux de Sibérie a été exposée à des conditions tellement glaciales qu'elle s'est lyophilisée, emprisonnant ses fragments d'ADN. Des scientifiques l'ont utilisée pour reconstruire le génome en trois dimensions de l'animal.

Cette avancée pourrait aider à mieux comprendre les espèces disparues et même stimuler les efforts visant à les ramener à la vie.

Jusqu'à présent, les spécimens d'ADN anciens retrouvés étaient généralement sous forme de fragments incomplets, limitant considérablement la quantité d'informations que les chercheurs pouvaient en extraire.

"Désormais, nous avons montré que dans certaines circonstances, ces fragments d'ADN ne sont pas les seuls à être préservés, mais aussi leur arrangement initial", a déclaré à l'AFP Olga Dudchenko, généticienne au Baylor College of Medicine et co-autrice de l'étude présentant ces résultats, publiés jeudi dans la revue Cell.

Viande séchée

Comprendre l'architecture 3D du génome - l'ensemble complet de son ADN - est crucial pour identifier les gènes actifs liés à certains organes et ainsi comprendre par exemple, comment les cellules du cerveau lui permettent de penser, celles du coeur organes et ainsi comprendre par exemple, comment les cellules du cerveau lui permettent de penser, celles du coeur qu'il batte, et celles du système immunitaire de combattre des maladies.

On ne sait pas si le pachyderme, une femelle, est mort naturellement ou s'il a été tué par des humains. Mais il semble que des individus l'aient dépecé, tout en laissant intacte la peau autour de la tête, du cou et de l'oreille gauche.

Les chercheurs ont supposé que la peau s'était congelée et déshydratée, passant à un état quasiment vitreux ayant emprisonné ses molécules et préservé la forme de ses chromosomes, les structures contenant les brins d'ADN. En somme, les chercheurs se sont retrouvés en présence d'un morceau de viande séchée de mammouth laineux.

L'une des découvertes majeures de ces travaux a été d'établir que les mammouths possédaient 28 paires de chromosomes. Ce qui est cohérent avec les 28 paires des éléphants, les animaux vivants les plus proches des mammouths. Mais "avant cette étude, chacun pouvait faire sa propre supposition", selon Olga Dudchenko.

Les scientifiques ont également identifié plusieurs gènes qui pourraient être ceux donnant leurs caractéristiques aux mammouths laineux, notamment un gène responsable de cils longs et épais.

Même si l'objectif du groupe de chercheurs n'était pas de ramener les mammouths à la vie, les informations récoltées pourraient aider, a indiqué Erez Lieberman Aiden, qui a également mené l'étude.

Une équipe japonaise envisage de cloner des mammouths laineux, tandis qu'un groupe américain cherche à créer des éléphants génétiquement "mammouthisés".

ats, afp

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