Le géant italien de l'énergie Enel va encore accélérer ses investissements dans les énergies renouvelables, avec près de 17 milliards d'euros (18,4 milliards de francs) injectés d'ici 2023, confirmant ainsi la transformation engagée depuis cinq ans.

Cet investissement permettra au groupe d'augmenter de 33% sa capacité en énergies renouvelables par rapport à 2020, avec un total de 60 gigawatts (GW), a expliqué le groupe mardi.

Enel, l'un des premiers géants de l'énergie à avoir pris ce virage, va ainsi accélérer sa "décarbonisation", en misant sur ce type d'énergies, tout en renonçant progressivement au charbon.

Le groupe a précisé que la fermeture de ses centrales à charbon, prévue en 2030, sera anticipée à 2027.

D'ici à 2030, Enel va investir directement 160 milliards d'euros, plus 30 milliards via des tiers: 70 milliards seront consacrés aux énergies renouvelables, portant leur capacité à 120 GW, soit le double de 2023 et près de trois fois plus (2,7) qu'actuellement.

Enel, qui a pris ce virage éco-durable en 2015 sous l'impulsion de son patron Francesco Starace, s'est engagé fin octobre à réduire de 80% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport au niveau de 2017, augmentant ainsi son objectif fixé jusqu'alors à 70%.

La volonté du groupe est de s'inscrire pleinement dans l'engagement des Nations unies à "limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré par rapport au niveau pré-industriel".

Le secteur de l'énergie est "en pleine transformation, une tendance qui s'accélère": "en 20 ans, les capacités en énergies renouvelables vont être multipliées par plus de quatre, créant un marché énorme pour les leaders mondiaux", a souligné M. Starace lors de la présentation du nouveau plan stratégique.

Leader mondial

Enel est aujourd'hui "le premier opérateur privé dans le secteur des énergies renouvelables au niveau mondial, avec 49 GW en 2020, et nous sommes l'acteur qui croît le plus vite dans ce secteur", a-t-il souligné.

"Nous sommes parfaitement positionnés pour profiter" de sa croissance, alors que le groupe détient aujourd'hui 2,5% de parts de marché au niveau mondial, et n'en détiendra que 4% en 2030, a-t-il dit, soulignant l'énorme potentiel à venir.

Parallèlement, le groupe va continuer à investir dans les infrastructures et réseaux. D'ici 2023, 43% de ses investissements -qui s'élèvent à 40 milliards directement, plus 8 milliards via des tiers- y seront dédiés tandis que le reste sera consacré à l'activité clients.

Enel se prévaut déjà d'être aujourd'hui "le principal gestionnaire privé de réseaux au monde, avec plus de 74 millions de clients finaux".

Du côté de ses prévisions, le géant italien vise un bénéfice net ordinaire (soit net des opérations extraordinaires) entre 6,5 et 6,7 milliards d'euros d'ici 2023, avec un taux de croissance moyen de 8 à 10%, grâce à "l'optimisation de la gestion financière du groupe".

Il prévoit par ailleurs un Ebitda (résultat opérationnel) ordinaire entre 20,7 et 21,3 milliards d'euros, avec une hausse annuelle moyenne de 5%-6%.

Les investisseurs saluaient ces annonces. A la Bourse de Milan, vers 10H15 (09H15 GMT), le titre gagnait 2,6% à 8,29 euros, dans un marché en hausse de 1,48%.

Les analystes de Banca Akros ont évoqué de nouveaux objectifs "légèrement supérieurs à (leurs) attentes".

En raison des investissements massifs réalisés, le niveau d'endettement du groupe va augmenter de manière importante, pour atteindre 57-58 milliards d'euros, contre 48,9 milliards fin septembre 2019.

Concernant les dividendes, Enel a défini pour la période une politique "simple", avec un dividende par action garanti et en croissance (+7% en moyenne par an), avec l'objectif d'atteindre 0,43 euro/action en 2023.

ats, awp, afp