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Le Premier ministre Pedro Sánchez décide de rester au pouvoir

Le socialiste Pedro Sanchez est à la tête de l'Espagne depuis 2018 (archives). © KEYSTONE/EPA/IGOR KUPLJENIK
Le socialiste Pedro Sanchez est à la tête de l'Espagne depuis 2018 (archives). © KEYSTONE/EPA/IGOR KUPLJENIK
Le socialiste Pedro Sanchez est à la tête de l'Espagne depuis 2018 (archives). © KEYSTONE/EPA/IGOR KUPLJENIK
Le socialiste Pedro Sanchez est à la tête de l'Espagne depuis 2018 (archives). © KEYSTONE/EPA/IGOR KUPLJENIK


Publié le 29.04.2024


Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annoncé lundi qu'il resterait à la tête du pays malgré la "campagne de discrédit" dont il accuse l'opposition de droite. La dernière illustration a été, selon lui, l'ouverture d'une enquête judiciaire contre son épouse.

"J'ai décidé de continuer" à la tête du gouvernement, a dit sur un ton grave le dirigeant socialiste de 52 ans, au pouvoir depuis 2018, dans une allocution solennelle de neuf minutes prononcée sur le perron du palais de la Moncloa, siège officiel de la présidence du gouvernement espagnol.

M. Sánchez s'était muré dans le silence depuis l'annonce mercredi par un tribunal madrilène de l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "trafic d'influence" et "corruption" contre son épouse, Begoña Gómez. Sidérant le pays, il avait écrit une lettre de quatre pages aux Espagnols dans laquelle il expliquait qu'il envisageait de démissionner pour protéger sa famille.

Pour "une réflexion collective"

Niant lundi avoir agi de la sorte par "calcul politique", il a appelé le pays à entreprendre "une réflexion collective" sur la polarisation de la vie politique, afin d'empêcher "la désinformation de diriger le débat politique".

"Ou nous disons 'assez' ou la dégradation de la vie publique conditionnera notre avenir et nous condamnera comme pays", a-t-il ajouté.

Scandant "Pedro, reste!", des milliers de sympathisants s'étaient réunis samedi devant le siège du Parti socialiste à Madrid pour lui demander de ne pas quitter son poste.

"Agonie" ou "décadence"

L'Espagne "n'a pas un président du gouvernement à la hauteur de ses citoyens", a déclaré le chef du Parti populaire (PP, droite conservatrice) devant la presse, affirmant que M. Sánchez "(représentait) l'Espagne du passé" et pouvait seulement "prolonger l'agonie ou la décadence" de son gouvernement.

"Il a perdu aujourd'hui une occasion fantastique de s'en aller", a-t-il lancé dans une allocution au vitriol qui semble augurer d'un durcissement supplémentaire de la vie politique espagnole.

Fait absolument inédit, M. Sánchez, habituellement sur tous les fronts, s'était muré dans le silence et avait suspendu toutes ses activités publiques depuis l'annonce mercredi par un tribunal madrilène de l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "trafic d'influence" et "corruption" contre son épouse, Begoña Gómez.

Collectif proche de l'extrême droite

L'enquête contre l'épouse de Pedro Sánchez, placée sous le sceau du secret de l'instruction, a été ouverte à la suite d'une plainte de l'association "Manos limpias" (Mains propres), un collectif proche de l'extrême droite.

Elle porte en particulier, selon le média en ligne El Confidencial, sur les liens noués par Begoña Gómez avec le groupe Globalia, parrain de la fondation dans laquelle elle travaillait, au moment où Air Europa, compagnie aérienne appartenant à Globalia, négociait avec le gouvernement Sánchez l'obtention d'aides publiques.

Cette compagnie a effectivement touché, en novembre 2020, 475 millions d'euros, issus d'un fonds de 10 milliards destiné à soutenir les entreprises stratégiques en difficulté à cause de la pandémie. Mais des dizaines d'autres ont ensuite bénéficié d'aides, dont plusieurs de ses concurrentes (Iberia, Vueling, Volotea...).

Le parquet a demandé jeudi le classement de cette enquête, tandis que Manos limpias a reconnu que sa plainte était uniquement basée sur des articles de presse. Mais le juge en charge du dossier n'a pas encore dévoilé ses intentions.

Campagne de déstabilisation

M. Sánchez veut voir dans cette plainte une nouvelle illustration d'une campagne de déstabilisation menée à son encontre par "une coalition d'intérêts de droite et d'extrême droite" qui "n'accepte pas le verdict des urnes", avait-il écrit mercredi dans une longue lettre mise en ligne sur le réseau social X.

Depuis son arrivée au pouvoir il y a six ans, la légitimité du dirigeant socialiste a toujours été questionnée par la droite et l'extrême droite. Ces dernières ne lui ont jamais pardonné d'avoir été porté au pouvoir par l'extrême gauche et les partis basques et catalans dans le cadre d'une motion de censure contre son prédécesseur conservateur Mariano Rajoy, plombé par un scandale de corruption.

Le contexte politique s'est encore plus tendu ces derniers mois, lorsque Pedro Sánchez, arrivé deuxième des élections du 23 juillet derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo, est malgré tout parvenu à être reconduit au pouvoir par le Parlement en novembre grâce au soutien des partis indépendantistes catalans en échange d'une loi d'amnistie pour les séparatistes impliqués dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.

Cette loi a été votée en première lecture par les députés au mois de mars et devrait être adoptée définitivement fin mai.

"Comme un adolescent"

L'opposition de droite tourne depuis mercredi Pedro Sánchez en ridicule, l'accusant de vouloir se faire passer pour une victime.

"Un chef du gouvernement ne peut pas se donner en spectacle comme un adolescent afin que tout le monde se mette à lui courir après en l'implorant de ne pas partir et de ne pas se fâcher", a ironisé le chef du Parti populaire (droite), Alberto Núñez Feijóo.

ats, afp

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