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Près de deux tonnes d'ivoire d'éléphants détruites à Reims

Près de 2 tonnes d'ivoire seront détruites (Photo prétexte). © KEYSTONE/AP/SAKCHAI LALIT
Près de 2 tonnes d'ivoire seront détruites (Photo prétexte). © KEYSTONE/AP/SAKCHAI LALIT


Publié le 28.11.2023


Des défenses d'éléphants, des bijoux, des statuettes réduits en cendres: 1,8 tonne d'ivoire, dont deux tiers d'objets remis par des particuliers, a été détruite mardi à Reims à l'initiative d'une ONG pour contribuer à endiguer le commerce d'ivoire fatal aux éléphants.

De la défense brute ou travaillée au jeu de mah-jong, de la sculpture phallique au bracelet, du couteau aux lunettes, ces 1800 kilos d'objets, équivalent à des défenses d'environ 180 éléphants, ont été broyés puis incinérés sous le contrôle d'un huissier.

Co-organisée par le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), une ONG dont le siège français est à Reims, et par l'Office français de la biodiversité (OFB), cette destruction de grande ampleur vise à endiguer le commerce de l'ivoire et à alerter "sur un trafic responsable de la mort de milliers d'éléphants chaque année", selon un communiqué commun des deux organisations.

Elle "montre symboliquement que l'ivoire n'a de valeur que pour les éléphants", a souligné le directeur d'IFAW France, David Germain-Robin.

Il ne reste aujourd'hui que 400'000 éléphants en Afrique, soit un déclin de 70% par rapport aux années 1970, principalement dû au braconnage, tandis qu'en un siècle, les populations d'éléphants ont chuté de plus de 90%, pointe le communiqué.

"Objets magnifiques"

En 2015, l'IFAW a lancée la campagne "Je donne mon ivoire" pour inciter les particuliers à remettre leurs objets afin de les faire détruire. Une initiative couronnée de succès, de nombreux particuliers cherchant à se défaire de leur ivoire "par conviction éthique ou faute de pouvoir les vendre légalement", selon Mia Crnojevic-Cherrier, chargée de campagnes au sein de l'ONG.

Encore aujourd'hui, "des milliers d'éléphants sont braconnés chaque année" pour alimenter le commerce d'ivoire, assure-t-elle.

Selon un communiqué des Douanes, qui ont fourni 400 objets pour cette opération, "il est estimé qu'environ 8% de la population des pachydermes est tuée chaque année".

En 2022, les objets en ivoire saisis en France provenaient principalement du Sénégal, du Bénin et de la République Centrafricaine, indiquent les Douanes.

La quantité des objets collectés par l'IFAW montre l'importance de "pérenniser un système sécurisé de collecte et de destruction de l'ivoire, pris en charge par l'État", insistent l'OFB et l'IFAW.

Certaines pièces détruites sont "des objets magnifiques" dont la destruction peut "susciter l'incompréhension", a relevé Loïc Obled, directeur général délégué de l'OFB. Mais "dès lors que l'ivoire n'est pas légal, nous souhaitons le soustraire du marché, pour tarir ce marché".

"Organisations criminelles"

Selon l'IFAW, les musées français sont peu demandeurs de recevoir ce type d'objets car leurs collections en regorgent déjà.

Néanmoins, l'IFAW et l'OFB les ont fait évaluer par un expert indépendant pour vérifier que le stock ne comprenait pas d'objets de "haute importance, culturelle, artistique ou historique". Aucun n'entrait dans cette catégorie.

Réalisée au lendemain de la présentation par la première ministre de la "Stratégie nationale biodiversité", cette destruction doit contribuer à la réussite "de la transition écologique, que ce soit chez nous ou dans des pays plus lointains", a ajouté M. Obled.

"Estimé à plus de 20 milliards de dollars au niveau mondial, le commerce illégal d'espèces de faune et de flore sauvages protégées fait partie des trafics les plus lucratifs" et émane très souvent d'"organisations criminelles structurées", souligne la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité Sarah El Haïry, dans le communiqué.

IFAW France s'est engagé à planter un arbre au Zimbabwe par kilo d'ivoire reçu, afin de contribuer à restaurer l'habitat des éléphants.

Au mois de septembre, une migration massive et très précoce d'éléphants et de buffles du plus grand parc national du Zimbabwe vers le Botswana avait été constatée, en raison du manque d'eau et de nourriture.

ats, afp

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