Expositions: A Venise, une biennale décentrée, décoloniale et queer
Adriano Pedrosa, commissaire de la 60e Biennale et conservateur du Musée d’art de São Paulo, privilégie largement, parmi les 331 artistes qu’il invite, les plasticiens jamais exposés à Venise, et inclut des capsules historiques couvrant le XXe siècle.
Samuel Schellenberg
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C’est une biennale toute en «P», en accord avec le nom de son commissaire, le Brésilien Adriano Pedrosa. Avant tout parce qu’elle est politique, les élans décoloniaux étant omniprésents, autant que les envies de s’affranchir de la binarité côté genre, avec de bonnes doses d’intersectionnalité. Un «P» qui est aussi celui de passé, les regards sur le XXe siècle étant légion, pour porter à Venise des pans de l’histoire de l’art qui n’y ont jamais eu droit de cité.
Deux «P» qui en génèrent forcément un troisième, celui de polémique, l’engouement général pour la proposition étant plutôt tiède. D’aucuns dénoncent carrément une prise d’otage: cette biennale nous mettrait dos au mur, estime le respecté supplément culturel du Sole 24 Ore – impossible de la critiquer sans passer pour un réactionnaire. Vraiment? On tente quand même l’exercice.
La biennale d’Adriano Pedrosa fait indubitablement écho à celle de Cecilia Allemani, il y a deux ans. Comme la commissaire italienne, le