«La littérature seule ne suffira pas»
Le célèbre et discret Haruki Murakami partage ses préoccupations au sortir d’une année particulière
Karyn Nishimura, Tokyo
Temps de lecture estimé : 9 minutes
Interview » A bientôt 72 ans, le romancier contemporain japonais le plus lu dans le monde, Haruki Murakami, change. On le savait mélomane solitaire et discret, on le découvre à présent animateur de radio à ses heures perdues, derrière les platines vinyles. Il est plus loquace, moins pudique, à la grande joie des «harukistes», ses fans inconditionnels qui décortiquent son œuvre et le moindre de ses propos.
Lui qui rechignait il y a encore peu à parler d’autre chose que de ses romans et de la littérature, qui dissimulait ses messages et ses appréhensions au fond d’histoires pas toujours ancrées dans le réel, ose désormais l’analyse de front: la crise du Covid-19 l’oblige à rester au Japon, il regarde davantage sa propre société et s’inquiète de l’ordre du monde et de celui des mots. Il