Perrine Le Querrec est une virtuose de l’exploration littéraire: avec seulement trois personnages – Eve, Tom et Piotr – elle compose une série de destins qui s’accomplissent, basculent ou avortent selon le chemin qu’elle choisit. Les pistes, 25e livre de cette autrice qui arpente l’écriture en funambule, relie entre elles 42 brèves histoires, entre violence et désarroi, solitude et tendresse, passé, présent, futur. 42 vies possibles, dans des décors variés où elle place souvent trois objets: un verre, un vélo, une chemise.

L’autrice pratique une ponctuation insolite, enchaîne sur un rythme saccadé des phrases en anglais et des symboles graphiques, aligne des hashtags. C’est ainsi que «des images prennent position, s’entraînent, s’emparent de l’écriture en tous sens» pour remonter «un monde qui se démonte». Perrine Le Querrec exprime en mots coupants et délicats la souffrance humaine. Comme celle, entre autres, des enfants de migrants ballottés sur les routes, voués à «grandir