Nos eaux sont en grand péril. Aux pollutions qui contaminent les eaux de surface et les nappes phréatiques, s’ajoute l’artificialisation de nos écosystèmes aquatiques. En outre, le changement climatique accentue les risques de crues ou de sécheresses. La nature en souffre, mais cette situation menace aussi notre santé, notre agriculture et notre économie. Il faut agir.

Décrié, l’Espace réservé aux eaux (ERE) est pourtant une occasion de desserrer l’étreinte sur nos milieux aquatiques. Les retombées positives seront nombreuses. Sur ces corridors bordant les eaux superficielles, les pratiques agricoles, devenues extensives, favoriseront la biodiversité et amélioreront la qualité des eaux, ce qui en abaissera les coûts d’assainissement.

Grâce aux opérations de renaturation, qu’il conviendrait d’accélérer, le paysage sera embelli et les riverains profiteront d’un espace récréatif très appréciable. Le patrimoine bâti environnant en sera valorisé. D’ailleurs, les écosystèmes plus naturels abritent non seulement une riche biodiversité, mais autoépurent mieux les eaux et sont plus résilients aux aléas climatiques.

Empêcher les constructions à proximité des cours d’eau, c’est faire preuve de clairvoyance et de solidarité. Ces infrastructures ne seront pas menacées par les crues et éviteront le corsetage de la rivière qui accroît les risques sur tout le bassin versant. C’est pourquoi l’ensemble des cantons suisses met en œuvre ces dispositions fédérales qui donnent l’espace nécessaire à nos cours d’eau pour remplir leurs fonctions écologiques et sécuritaires.

Mathieu Baldeck, coprésident WWF Fribourg