La Liberté

Une entame tonitruante des Suisses

Xherdan Shaqiri et ses coéquipiers menaient 3-0 après 12 minutes de jeu. Ils ont battu la Bulgarie 3-1

Publié le 26.03.2021

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Football » La Suisse a rempli sa mission à Sofia. Victorieuse 3-1 de la Bulgarie, elle a entamé sur une victoire sa campagne pour la Coupe du monde 2022. Mercredi, Vladimir Petkovic avait émis le souhait que ses joueurs débloquent très vite la situation. Mais même dans ses rêves les plus fous, le «Mister» n’avait jamais imaginé vivre un tel scénario au Vasil Levski Stadium. Après seulement 12 minutes et une poignée de secondes, son équipe menait déjà… 3-0. Jamais dans son histoire, la Suisse n’avait compté un tel avantage au score si tôt dans une partie.

La Suisse a trouvé pour la première fois l’ouverture à la 7e minute avec une tête imparable de Breel Embolo sur un centre de Ricardo Rodriguez. Xherdan Shaqiri devait ensuite entrer en scène pour donner la balle du 2-0 à Haris Seferovic (10e) avant de fabriquer un but qui sera finalement accordé à Steven Zuber, mais qui doit beaucoup à la fébrilité du gardien Plamen Iliev (13e).

Une erreur de Freuler

A peine commencée, la messe fut donc dite. Les Suisses n’avaient plus qu’à gérer tranquillement cette rencontre. Jusqu’à la pause, leur prestation n’a comporté aucune fausse note. Mais à la reprise, une erreur de Remo Freuler permettait à Kiril Despodov de battre Yann Sommer sur une frappe sans doute légèrement déviée par Nico Elvedi. Ce but venu d’ailleurs a redonné un peu de vie à des Bulgares qui avaient été jusque-là d’une insigne faiblesse.

Les lointains héritiers des héros de 1994 ont pu alors nourrir le fol espoir d’une improbable remontada. Quelques instants après le but de Despodov, Yann Sommer connaissait ainsi une frayeur sur un coup franc du nouvel entrant Spas Delev. A l’heure de jeu, ce fut le capitaine Georgi Kostadinov qui était tout proche de marquer devant un Yann Sommer qui avait une fois de plus préféré défendre sa ligne plutôt que l’espace.

Une sorte de sanction

Le temps était venu pour la Suisse de hausser le curseur. Mais elle en fut bien incapable pour présenter en seconde période son visage des mauvais soirs avec de la fébrilité, des oublis et une concentration défaillante qui tranchaient avec sa magnifique entame de match. A la 75e, Vladimir Petkovic introduisait Denis Zakaria et Ruben Vargas pour Shaqiri et Zuber. Après avoir survolé son sujet en première période, Xherdan Shaqiri pouvait voir dans ce changement une sorte de sanction dictée par une certaine suffisance. Mais on sait aussi que l’autonomie du maître à jouer de l’équipe de Suisse est toujours aussi limitée.

Malgré toutes les réserves suscitées par cette seconde période laborieuse, la Suisse quitte Sofia avec les trois points qu’elle était venue chercher. Et c’est là l’essentiel. Elle se doit d’enchaîner dimanche à Saint-Gall contre la Lituanie pour demeurer sur la bonne orbite: celle qui doit l’emmener l’an prochain au Qatar. ats


Une prise de risque payante


Vladimir Petkovic est content de la maîtrise affichée par ses joueurs durant la première période.

Pressé de prendre l’avion du retour et aussi de sortir au plus vite de la nuit glaciale de Sofia, Vladimir Petkovic a battu un record: sa conférence de presse d’après-match fut la plus courte de son mandat. «Notre entame de match fut parfaite. Tout nous a souri. Après, il y a cette erreur au début de la seconde période qui a donné un autre ton au match», explique le sélectionneur. Mais il veut en premier lieu retenir la victoire et cette maîtrise absolue en première période.

«Nous aurions pu mener encore plus largement. Marquer trois buts aussi vite fut incroyable. Je viens d’apprendre qu’il s’agit d’un record pour l’équipe de Suisse. Il est vrai que notre performance fut excellente, se félicite-t-il. Les joueurs ont su défier l’adversaire dans les duels à un contre un. Et cette prise de risques a payé.» L’erreur de Remo Freuler a, ensuite, changé la donne. «L’idée était d’entamer la seconde période comme la première, explique Vladimir Petkovic. Mais il y a eu cette erreur. Elle aurait dû être évitée avec davantage de simplicité dans le jeu. Après, je ne dirais pas que nous avons eu peur. Mais nous avons douté pendant vingt minutes avant de trouver la parade face au pressing adverse.»

«Le déroulement de la seconde période est une leçon que nous devons retenir. C’est une sorte de piqûre de rappel pour les prochains matches. Rien n’est jamais vraiment acquis, poursuit le Mister. On a aussi vu le vrai visage de la Bulgarie lors de cette seconde période. La manière avec laquelle les Bulgares sont sortis du bois donne encore plus de relief à notre première mi-temps.» ATS

 


COMMENTAIRE

Est-ce grave docteur?

Hier soir, l’équipe de Suisse a joué 20 petites minutes et a gagné 3-1 face à la Bulgarie. L’art de la suffisance porté à sa perfection? Nous n’en sommes pas loin. Est-ce grave docteur? Non, pas pour le moment. Rappelons que notre chère équipe nationale sort tout juste d’une année de disette complète et a pu se refaire une santé en 780 secondes hier soir. Embolo, Seferovic et Zuber sont devenus au passage le trio de buteurs le plus rapide de l’histoire internationale du football helvétique.

Ne crachons pas dans la soupe, surtout pas en ces temps de mesures sanitaires. Les ouailles de Vladimir Petkovic ne sont heureusement pas malades, même si la deuxième mi-temps a dû offrir quelques sueurs froides au sélectionneur tessinois.

Non, ce n’est pas grave, pour le moment, voire sain quand le programme des joueurs suisses est aussi démentiel. Mais il faudra tout de même prendre garde à l’apparition de nouveaux symptômes. Car se reposer ne signifie pas se relâcher, entre confiance et condescendance il y a une infime frontière que des adversaires plus affûtés que les Bulgares ne se gêneront pas de forcer. Si la Suisse est entrée dans sa campagne pour le Qatar tambour battant, attention à ce que cette suffisance bénigne ne se transforme pas en pathologie chronique. Il en va, tout simplement, d’une cinquième qualification à une Coupe du monde d’affilée. Comme le supporter suisse s’est habitué à une telle régularité, ne pas faire partie du gratin mondial le rendrait carrément… malade. Et ça, docteur, ce serait grave. Patrick Biolley

 

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