La Liberté

L’UDC ferraille sur l’immigration

Le parti lance une initiative populaire pour limiter la population suisse à 10 millions d’habitants

Publié le 03.07.2023

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Politique » A moins de quatre mois des élections fédérales, l’UDC lance une initiative limitant la population suisse à 9,5 millions à moyen terme et à 10 millions jusqu’en 2050. Ses délégués l’ont approuvée samedi lors d’une assemblée extraordinaire consacrée à l’immigration.

Elaborée par l’UDC zurichoise, l’initiative «pour la durabilité», intitulée «Pas de Suisse à 10 millions!» a été soutenue à l’unanimité des 310 délégués présents à Küssnacht am Rigi (SZ). Actuellement, la Suisse compte près de 8,9 millions d’habitants, selon l’Office fédéral de la statistique.

L’initiative exige que Conseil fédéral prenne des mesures restrictives en matière d’asile et de regroupement familial et ce, lorsque la population suisse dépassera 9,5 millions d’habitants, au plus tard. Elle prévoit aussi que la population ne dépasse pas 10 millions d’habitants avant 2050. Dans le cas contraire, la Suisse doit dénoncer des accords internationaux dont la libre circulation des personnes et l’éventuel pacte de l’ONU sur les migrations.

Attaque contre la gauche

«Nous sommes les seuls à faire quelque chose contre l’immigration de masse et cette folie de l’asile», a souligné le président du parti Marco Chiesa. Le Tessinois a rappelé la venue, l’an dernier, de 180 000 nouveaux habitants en Suisse, dont 75 000 réfugiés ukrainiens et 25 000 requérants d’asile.

Il a aussi accusé la ministre de la justice Elisabeth Baume-Schneider (PS) de vouloir accueillir encore plus de personnes sans se préoccuper de la population. Quant aux autres partis, ils seraient responsables d’une politique d’asile «erronée et irresponsable» ayant mené au «chaos». Chef de la campagne électorale, le Schwytzois Marcel Dettling a appelé à battre la gauche qui «veut accueillir la moitié de la planète».

La Suisse n’est «durable» que si le nombre de ses habitants est limité, a soutenu le conseiller national zurichois Thomas Matter. Selon lui, un développement durable de sa population est nécessaire pour protéger l’environnement et l’efficacité des infrastructures, des établissements de santé et de formation ainsi que des œuvres sociales.

«La belle Suisse ne mérite pas de devenir une deuxième Hong Kong», s’est exclamé le politicien. Et d’ajouter que «beaucoup de Suisses se sentent étrangers dans leur propre pays».

Le conseiller national vaudois Michaël Buffat a utilisé une métaphore ludique: «Notre pays est comme un ballon que l’on gonfle sans s’arrêter. Au bout d’un moment, il éclate.» Il a dénoncé la surreprésentation des étrangers dans les assurances sociales et dans les prisons. Il a aussi souligné que l’intégration ne fonctionnait plus dans les classes où les élèves suisses étaient minoritaires.

Pour le conseiller national zurichois Gregor Rutz, il n’est pas possible de maîtriser l’immigration à travers la politique d’asile actuelle. La plupart des requérants ne sont pas persécutés dans leur pays et savent qu’ils ne pourront pas y être renvoyés une fois arrivés en Suisse, selon lui.

«Nous émettons de mauvais signaux», a renchéri le conseiller d’Etat bernois Pierre-Alain Schnegg. Selon lui, les cantons sont au bout du rouleau, contraints de mettre à disposition des hébergements collectifs dans les lieux inadaptés. «La population a maintenant besoin de recevoir un signal clair que la Confédération reprenne en main la situation.»

Vendredi, le comité directeur du parti avait adopté les exigences suivantes à l’attention d’Elisabeth Baume-Schneider: qu’elle s’engage pour des contrôles aux frontières, «tant que les accords de Schnegen-Dublin ne fonctionnent pas», que les requérants arrivant par un pays tiers n’aient pas droit à une procédure d’asile en Suisse, que les étrangers criminels soient systématiquement expulsés et que les procédures d’asile soient menées dans des zones de transit à la frontière.

Des motions rejetées

A la mi-juin, les Chambres fédérales ont rejeté plusieurs motions de l’UDC lors d’une session extraordinaire sur la migration. Elles ont refusé le retour unilatéral des contrôles aux frontières, l’installation de zones de transit pour traiter les demandes d’asile aux frontières et l’application à la lettre des accords de Dublin.

Contrairement au Conseil national, les Etats ont approuvé la suspension du programme de réinstallation 2024-2025 et la conclusion de nouveaux accords de rapatriements de délinquants étrangers, motions également déposées par l’UDC. ats

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